CHAPELLE SAINT-SAUVEUR D'IRATY
890m
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| 19 avril 2024 |
NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.
DESCRIPTION
La chapelle est de plan roman dont la singularité vient de sa nef semi-enterrée élevée en petit appareil de calcaire et de grès, accessible depuis la porte sud, qui s'ouvre sur une abside de plan semi-circulaire, parti extrêmement rare sur ce territoire navarrais d'outre-ports (TAR). La chapelle présente ainsi une silhouette originale avec ses deux niveaux. Le premier est semi-enterré et le second est aménagé sous les combles avec charpente apparente et toiture en ardoise (GPR). Elle conserve plusieurs baies romanes étroites au nord, au sud et à l'est, parfois ornées de besants (TAR). L'abside semi-circulaire et les étroites ouvertures témoignent des origines romanes de l'édifice (GPR). La porte occidentale légèrement surélevée ouvre sur les combles aménagés (GPR). Au-dessus de cette porte, sur la clé de l'arc en plein-cintre, sont inscrits la date de 1727 et le nom Indart. La date de 1727 est probablement la date à laquelle a été remaniée la porte et Indart est le nom du curé commanditaire de ce remaniement (TAR, BM). Une seconde nef, perpendiculaire au reste du bâtiment, donne à l'ensemble une forme de L (GPR). A l'intérieur de la chapelle, dans le chœur, se trouve un chandelier lié à une légende locale (3SPB, LLP2) et peut-être noirci suite à un incendie provoqué au XVIIe siècle par les Espagnols (LLP2). Cet objet est en effet nommé ganderailu, c'est-à-dire chandelier, car c'est là que les pèlerins mettaient les cierges qu'ils offraient lorsqu'ils recevaient les évangiles. Il a une hauteur de deux mètres et la forme d'un cylindre. Il est traversé verticalement par un axe en cuivre, entouré de six anneaux horizontaux, et il est soutenu par six barres de fer, également verticales, placées sur tout le pourtour. Un bras en forme de crochet ressort d'un côté et c'est là que l'on faisait tenir les cierges (DMB 49).
Sur la façade ouest de la chapelle se trouve une plaque commémorative (NDR) qui rend hommage aux groupes d'évadés ou de réfugiés qui passèrent les Pyrénées, entre 1942 et 1944, par le chemin du Col de Burdincurutcheta, un ancien chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui passait par la chapelle et rejoint la Navarre et le monastère de Saint-Sauveur de Leyre (3SPB).
Un chemin de croix extérieur ceinture la chapelle en guise de protection (TAR, GPR). 13 colonnes galbées timbrées d'une croix de fer en marquent les stations, chacune portant un numéro et un lauburu, le lauburu étant le nom qui désigne la croix basque formée de quatre virgules (TAR). Placée à l'écart, la dernière croix, datée de 1805, est ornée d'un crucifixion et, au dos, d'un soleil stylisé pareil à un ostensoir (TAR). Cette dernière des 13 croix, beaucoup plus grande que les autres, se trouve aux abords immédiats de l'église (GPR). Une niche carrée abritait également une statuette de bois polychrome ancienne, représentant Xaindia, une jeune fille bras levée, l'autre tenant une houe, héroïne d'une légende locale (TAR).
-> voir la légende de Haxerihargaitz et le Basa Jaun.
-> voir la légende de Xaindua.
HISTOIRE
1100 à 1200
En 1194, la chapelle est mentionnée sous le nom de Sanctus Salvador juxta Sanctum Justum (TAR, BM) dans le cartulaire de Bayonne (TAR). Elle relève de la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem d'Aphat, Apat Ospitalea, elle-même dépendant du commandeur d'Irissarry (TAR, BM), l'Hospital et oratorium de Irixuri (TAR).
1200 à 1300
Au XIIIe siècle, la chapelle est à nouveau mentionnée sous le nom de Sanctus Salvador juxta Sanctum Justum (BM).
En 1298, l'hôpital San Salvatoris de Laurhibar est une étape sur l'une des voies d'accès principale vers les Pyrénées par les ports de Cize. Situé au coeur d'un vaste domaine pastoral et forestier, l'oratoire participe comme nombre d'établissements frontaliers (Ainhoa, Bidarray, Larrau, Sainte-Engrâce) au fonctionnement socio-économique de la maison-mère, dans ce cas le Grand Prieuré de Navarre de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusaleme, créé en 1185 et comptant 21 commanderies et prieurés répartis en Haute-Navarre et Ultrapuertos, parmi lesquelles Irissarry, Bustince, Iriberry, Aphat, Mendive, Iraty et peut-être Lecumberry. En Pays de Cize, les Hospitaliers possédaient ainsi plusieurs dizaines de milliers d'hectares de terres forestières et de pâturages (TAR).
NB : La mention du XIIIe siècle de la source BM est peut-être la même mention de 1298 de la source TAR (NDR).
1400 à 1500
Vers 1460, la chapelle est mentionnée sous le nom de Sent-Saubador (BM).
1600 à 1700
Au XVIIe siècle, un incendie est peut-être provoqué par les Espagnols. Le chandelier d'or est alors peut-être noirci (LLP2).
1700 à 1800
En 1727, Jean Oxoby-Indart, curé de Béhorléguy, fait remanier la porte occidentale légèrement surélevée et ouvrant sur des combles aménagés (BM, TAR). L'édifice semble avoir été partiellement repris à cette occasion. Un élargissement de la nef est constaté vers l'ouest, ainsi que deux contreforts au sud. L'intérieur de la chapelle semble avoir subi des remaniements (BM).
1800 à 1900
En 1805, la dernière croix du chemin de croix est probablement installée (GPR).
En 1870, les stations du chemin de croix sont placées autour de l'édifice. Auparavant, les croix jalonnaient le sentier muletier (3SPB).
1900 à 2000
Au XXe siècle, une petite pièce sous appentis est construite au sud, contre la sacristie (BM).
Entre 1942 et 1944, des groupes d'évadés ou de réfugiés passent les Pyrénées par le chemin du Col de Burdincurutcheta, un ancien chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui passait par la chapelle et rejoint la Navarre et le monastère de Saint-Sauveur de Leyre (3SPB). Par la suite, une plaque commémorative est scellée sur la façade de la chapelle (3SPB).
Jusqu'à la fin des années 1950, lors des processions jusqu'à la chapelle, le replat l'entourant servait à parquer les mules et les ânes dont la garde était assurée par les plus jeunes (3SPB).
En 1983, l'image de Saint Michel qui est dans la chapelle est dérobée. Par la suite, la statuette de Xaindia est transférée à la paroisse de Mendive et ce n'est que le jour du pèlerinage, au mois de juin, qu'elle est montée à la chapelle, afin que les pèlerins puissent lui adresser des prières et déposer leur obole (DMB).
En 1992, des travaux de peinture sont menés (3SPB).
TOPONYMIE
Saint-Sauveur, qui est un nom donnée à Jésus-Christ, est le nom du saint auquel est dédié la chapelle (NDR). Iraty est le nom du très large secteur où se situe la chapelle (NDR). Iraty viendrait du basque ira-ti qui signifie fougères (PdtP). La chapelle est aussi appelée Elizagarai, ou Elixagarray (DMB, 3SPB), ce qui signifie haute église (DMB).
Le nom de Sauveur ne figure pas dans la liste officielle des saints célébrés par l'Eglise puisqu'il s'agit d'un des surnoms du Christ. Des saints Sauveur, Salvator ou Xalbador jonchent pourtant la toponymie des Pyrénées et notamment celle des provinces basques (3SPB).
SITUATION
MÉTÉO
Chapelle Saint-Sauveur d'Iraty (meteoblue)TOPOS
Les topos du Bouquetin Boiteux passant à la Chapelle Saint-Sauveur d'Iraty.| Itinéraire | Km | D+ | Altitude max | D+/Km | Cotation | Chiens |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Peredikahegi, Chapelle Saint-Sauveur, Pic d'Irau, Cromlechs d'Okabe, Okabe | 21,5 | 1400 | 1466 | 65,12 | T3 | Autorisé |
SOURCES
TAR : Trésors de l'art roman en Pays Basque. 2021. Maritchu Etcheverry. Kilika éditions.
GPR : Julie Vivier, Sylvain Lapique. Guide des Pyrénées romanes. Editions Privat, 2011.
BM : Chapelle Saint-Sauveur d'Iraty. Base Mérimée. Notice en ligne.
3SPB : Olivier de Marliave. Saints, sources et sanctuaires du Pays Basque. Editions Aubéron, 1995.
DMB : Anuntxi Arana. De la mythologie basque, Gentils et Chrétiens. Elkar, 2010, 5ème édition 2020.
LLP2 : Francis Baro. 1000 lieux légendaires et mystérieux des Pyrénées, volume 2. Rando éditions, 2018. Chronique du Bouquetin Baveux.
DMB : Anuntxi Arana. De la mythologie basque, Gentils et Chrétiens. Elkar, 2010, 5ème édition 2020.
PdtP : Romain Bourbon. Petit dictionnaire toponymique des Pyrénées. MonHélios. 2018. Chronique du Bouquetin Baveux.
PHOTOS
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| Chapelle (19/04/2024) |
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| Façade ouest (19/04/2024) |
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| Plaque commémorative (19/04/2024) |
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| Façade nord (19/04/2024) |
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| Portail nord (19/04/2024) |
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| Chevet est (19/04/2024) |
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| Seconde nef, chevet est (19/04/2024) |
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| Façade sud, seconde nef (19/04/2024) |
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