La légende de Xaindua

LA LÉGENDE DE XAINDUA

Auteur inconnu


LA LÉGENDE

Il y a bien longtemps, en Basse-Navarre, dans le petit village de Beyrie-sur-Joyeuse, vivaient un garçon et une fille qui étaient domestiques à la maison Inhurria. Un soir, alors qu'ils étaient occupés à dépouiller des épis de maïs avec d'autres servants, le garçon s'aperçut qu'ils avaient oublié la bêche à dents ou la fourche dans le champ, et elle leur était indispensable. Mais la nuit était tombée et personne n'osait sortir à l'extérieur. Le valet fit alors le pari de donner cinq sous à celui qui irait la chercher. La servante accepta et elle partit.

Mais le garçon ne tarda pas à regretter son argent et il maudit la jeune fille en souhaitant que le diable l'emporte. Aussitôt, la jeune fille fut saisie par des démons qui l'emmenèrent dans les airs en direction de la forêt d'Iraty. Et alors qu'elle passait devant la porte de la maison Inhurria, elle lança la bêche en criant qu'elle avait gagné le pari mais qu'elle était enlevée à cause de sa cupidité. Tous les gens de la maisonnée, rapidement rejoint par les habitants du village, se mirent à courir derrière elle et, arrivés à la Chapelle Saint-Sauveur, ils entendirent la servante, toujours emportée dans les airs, implorer le protecteur des pèlerins. La cloche de la chapelle se mit alors à sonner d'elle-même. La jeune fille fut lâchée par les démons et elle se posa doucement devant le petit édifice.

Depuis cette nuit, la servante fut connue sous le nom de Xaindua, la Sainte, qui fut immortalisée sous les traits grossiers d'une statue aux couleurs vives tenant d'une main la bèche, enjeu de son pari insensé. Un édicule fut aussi érigé à l'endroit où Xaindua se posa devant la chapelle et la statue y fut placée. Un jour, on voulut amener cette statue à Mendive, mais ceux qui la transportaient restèrent immobilisés au col de Haitz-kurutxe, le col de la Croix de chêne.

Et surtout, depuis cette nuit où Xaindua fut enlevée par les démons, l'on dit qu'il ne faut jamais faire de pari la nuit et qu'il ne faut jamais, ni de jour, ni de nuit, prononcer le nom du maudit.

(DMB 40-42, 3SPB 237-238, GPM 415, LMPB 66, LLP2 137).

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LES VARIANTES

Il existe des variantes de cette légende. On dit à Ordiarp, en Soule, que la Sainte était originaire de ce village. Un informateur de Mendive a entendu que la jeune fille fut enlevée par un cheval et, selon la version recueillie par Barandiaran, l'auteur de l'enlèvement fut Basajaun. Certains racontent que la fille formula sa prière lorsqu'elle entendit l'angélus de l'aube, et ajoutent qu'une voix lui apprit qu'elle serait sauvée grâce au jeûne observé par sa mère. La plupart croient qu'elle était vivante lorsqu'elle se posa sur terre mais on dit aussi qu'elle mourut (DMB 41-42, 3SPB 237, GPM 415, LMPB 66).


TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à la Chapelle Saint-Sauveur.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Peredikahegi, Chapelle Saint-Sauveur, Pic d'Irau, Cromlechs d'Okabe, Okabe 21,5 1400 1466 65,12 T3 Autorisé


SOURCES

DMB : Anuntxi Arana. De la mythologie basque, Gentils et Chrétiens. Elkar, 2010, 5ème édition 2020.
GPM : Bernard Duhourcau. Guide des Pyrénées mystérieuses. Editions Sand, 1985, réimpression Collection Les Guides Noirs, Editions Tchou, 2006.
3SPB : Olivier de Marliave. Saints, sources et sanctuaires du Pays Basque. Editions Aubéron, 1995.
LMPB : Jacques Dubourg. Légendes et mystères du Pays Basque. MonHélios, 2022.
LLP2 : Francis Baro. 1000 lieux légendaires et mystérieux des Pyrénées, volume 2. Rando éditions, 2018. Chronique du Bouquetin Baveux.



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