Eglise Saint-Blaise de l'Hôpital-Saint-Blaise

ÉGLISE SAINT-BLAISE DE L'HÔPITAL-SAINT-BLAISE
150m

9 juin 2022

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

INFOS

- Généralités
L'église Saint-Blaise, de moins 18m de long, de plus de 12m de large au niveau du transept, et faite d'un appareil de grès (PR), possède une architecture atypique dans la région (TAR). De même, l'absence de pierre de taille au profit de moellons, les arcs polylobés ou encore les fenêtres à grilles de pierre sont des éléments assez rares dans l'architecture romane (TAR). Datée du XIIe siècle, probablement aux environs de 1140-1150 (TAR), peut-être plus précisément vers 1148 (PR), l'église est une construction en quatre volumes autour d'un dôme central et octogonal (GPR), selon un plan en croix grecque (TAR, GPR, PR, BM) auquel il faut ajouter les chapelles rectangulaires, peu profondes, se greffant vers l'est sur les bras de transept (PR). Ce plan est identique à celui de l'église de l'Hôpital d'Orion, construite à la même époque et située à une trentaine de kilomètres au nord (PR). Par ce plan en croix grecque, l'église suggèrerait une dévotion à la Sainte Croix (TAR).

- Extérieur
L'église dispose de fenêtres à grilles de pierre aux riches motifs sculptés inspirés des moucharabiehs qui sont des grillages faits de petits bois tournés et assemblés, permettant de voir sans être vu et qui étaient utilisés dans le monde islamique (PR). Ces claustra en pierre dont les baies sont ajourées sont une structure assez rare dans l'architecture romane (TAR). L'abside dispose d'une arcature aveugle sur pilastres (TAR) soulignant une corniche en bois sculpté datée de 1148 (TAR, GPR). L'église est surmontée en son centre d'un clocher octogonal à flèche d'ardoise. Sur un large tambour, également octogonal, l'unique étage du clocher, aux angles amortis par des colonnettes, porte, sur chaque pan, une fenêtre trilobée (PR). La façade ouest, où se trouve le portail, se termine par une tour carrée avec un toit en bâtière (BM, PR).

- Portail d'entrée
L'entrée de l'église s'effectue par un portail situé à l'ouest de l'édifice et aménagé dans un avant-corps (TAR). Ce portail est encadré de colonnes engagées, alternées de piliers à chapiteaux (BM), et est surmonté d'un tympan (TAR, BM), dont la sculpture est de période romane (TAR). Ce tympan dispose d'un relief érodé où peut se reconnaître une Maiestas Domini, un christ en gloire dans une mandorle, bénissant de la main droite et tenant le livre de vie de la main gauche (TAR), entouré du tétramorphe (TAR, BM), inhabituellement non ailé (TAR). Le message de la Résurrection serait ainsi sous-jacent dans l'iconographique de ce tympan (TAR). Le portail, refait presque entièrement par le sculpteur Bouey lors d'une restauration en 1904, est composé de pierre d'Arudy (PR).

- Intérieur
A l'intérieur, l'édifice dispose d'une charpente couverte de bardeaux, datée de 1148 (GPR). Un escalier de bois, réalisé lors d'une restauration, peut-être en 1904, mène à la tribune. La nef, moins longue que l'abside, est à travée unique. Sur chacun des bras du transept, à l'est, se trouvent des chapelles rectangulaires, peu profondes (PR). L'abside se démarque par trois pans coupés (TAR, BM, PR), plus faciles à voûter (TAR). Une sacristie moderne est adossée au sud de l'abside (PR). Au centre de l'église, la croisée du transept est séparée de ses deux bras, du chœur et de la nef par 4 grandes arcades ogivales à double tore portées par des piliers (BM). Cette croisée du transept est couverte par une coupole octogonale à arcs entrecroisés formant une étoile (GPR, TAR, PR) dont les 8 branches nervées symboliseraient les 7 jours de la semaine auxquels s'ajoute le 8ème jour, celui de la Résurrection (TAR). Les pointes de cette étoile retombent sur d'épaisses consoles nues. Au-dessus de deux d'entre elles, vers le chevet et entre les pointes, se trouve une petite ouverture garnie d'une claire-voie, à décor géométrique, typiquement hispano-mauresque (PR). La coupole de l'église aurait pour modèle original la coupole de la mosquée de Cordoue (IKK, TAR, GPR, PR), édifiée au Xe siècle (IKK, TAR, PR). La mosquée de Tolède possède une coupole similaire (TAR, PR), tout comme celle de Saragosse, édifiée au XIe siècle (TAR). La ville de Saragosse fut reconquise par les troupes menées par Gaston IV le Croisé (TAR) et c'est peut-être via cette reconquête que le modèle est parvenu jusqu'à l'église Saint-Blaise.

- Influence et symbolisme
L'influence du Saint-Sépulcre serait important dans l'architecture de l'église. En effet, le dôme central surmontant la croisée du transept ainsi que les fenêtres à grilles de pierre seraient des éléments empruntés au Saint-Sépulcre de Jérusalem, auquel les chanoines de Sainte-Christine auraient été affiliés, et plus particulièrement à l'édicule couronné d'un ciborium hexagonal couvert d'une coupole que fit tailler Constantin, empereur de 306 à 337, pour accueillir le tombeau du Christ. Cette coupole du Saint-Sépulcre, reconstruite à plusieurs reprises, pourrait avoir présenté un couvrement d'origine similaire à celui de l'église Saint-Blaise, avec une ouverture à son sommet identique à l'oculus ouvert à l'origine au centre de la coupole de cette dernière. Il est à noter que l'église navarraise de San Sepulcro de Torres del Rio, datée du XIIe siècle et dont l'architecture et le vocable renvoient au Saint-Sépulcre de Jérusalem, présente une coupole similaire à celle de l'église Saint-Blaise. Le Saint-Sépulcre, lieu de pèlerinage autour du tombeau du Christ et des fragments de la Vraie Croix, glorifie la mort par la Crucifixion et la Résurrection du Christ. Le message de la Résurrection se retrouverait dans l'étoile à 8 branches de la coupole de l'église Saint-Blaise et serait sous-jacent dans l'iconographique du tympan de son portail d'entrée. Le message de la Crucifixion se retrouverait dans le plan en croix grecque qui suggère une dévotion à la Sainte Croix. De plus, le type de coupole de l'église Saint-Blaise se retrouve dans l'église de l'ancien bourg des enclos d'Oloron, sur les hauteurs de la ville, dédiée à la Sainte Croix et dont la construction et plus ou moins contemporaine de celle de l'Hôpital-Saint-Blaise (TAR).

Plan de l'église (D'après Victor Allègre / Pyrénées romanes)


HISTOIRE

1100 à 1200
En 1122, Alphonse le Batailleur, roi d'Aragon et de Pampelune de 1104 à 1134, est présent dans les environs de l'actuelle église. Avec Gaston IV le Croisé, vicomte de Béarn de 1090 à 1130, il participe peut-être à la fondation d'un hôpital dédié aux œuvres de miséricorde, dont la date réelle d'édification est inconnue. Ces présumées participations sont peut-être à l'origine de la dévotion particulière de l'établissement pour la Sainte Croix (TAR).
-> voir les infos sur Gaston IV le Croisé.

Aux environs de 1140-1150 (TAR), peut-être vers 1148 (IKK), l'église est peut-être édifiée (TAR) ou sa construction débute (IKK). Lors de sa fondation, l'église est une modeste chapelle de l'hôpital dédié aux œuvres de miséricorde (TAR).

1200 à 1300
En 1216, une bulle du pape Innocent III cite l'hôpital en tant qu'hospitale de misericordia (TAR).

En 1289, une commanderie, à laquelle est associé l'hôpital, est attestée. Comme de nombreux autres dans cette région, l'établissement dépend d'un chapitre de religieux de Saint-Augustin, celui de Sainte-Christine du Somport, en Aragon. La commanderie et son hôpital subviennent à leurs besoins grâce au produit des terres cultivées et de l'élevage, de l'exploitation d'un moulin, de la dîme prélevée sur le village voisin ainsi que des libéralités et donations des seigneurs et ecclésiastiques béarnais et gascons. Ces revenus, réunis à ceux des nombreuses dépendances de l'abbaye, assurent l'expansion et la renommée de l'établissement. L'hôpital de Miséricorde constitue un maillon d'un vaste ensemble transpyrénéen (TAR).

1300 à 1400
Au début du XIIIe siècle, la construction de l'église Saint-Blaise est achevée (IKK).

En 1334, un acte notarial donne la mention de l'église de la Commanderie de Misericordi (PR).

1500 à 1800
Vers le XVIe siècle, la dévotion pour la Sainte Croix de l'établissement est remplacée au profit d'un pèlerinage plus local à Saint Blaise (TAR).

Au XVIe siècle, ou au XVIIe siècle, des escaliers droits sont construits de chaque côté de la nef, à l'extérieur, pour accéder à la tribune réservée aux hommes selon la mode euskarienne (PR).

En 1725, bâtiments conventuels de l'hôpital de Miséricorde sont cités (TAR).

En 1768, l'église est cédée aux Barnabites de Lescar (PR).

A la fin du XVIIIe siècle, des pèlerins sont attestés pour la première fois dans des textes (TAR).

1800 à 1900
A une date inconnue mais avant 1811, les bâtiments conventuels de l'hôpital de Miséricorde disparaissent (TAR).

Au cours du XVIIIe siècle, l'église est érigée en église paroissiale (PR).

En 1888, l'église est classée aux Monuments historiques (BM, GPR, PR). Elle est alors dans un état délabré, de la végétation poussant dans les interstices des couvertures et favorisant l'infiltration des eaux pluviales, les parements et les contreforts étant désagrégés ou lézardés, la corniche étant en partie disparue, le porche étant en ruines, et des constructions parasites, des étables et des hangars, étant adossés à ses murs (PR). Lors du classement, il est découvert que les corniches de bois sculpté et la charpente couverte de bardeaux sont d'origine (GPR)

1900 à 2000
En 1904, après de longues années de discussion sur la répartition des dépenses entre l'Etat et la commune, trop pauvre, l'essentiel de la restauration de l'église est effectué, chacun des habitants de la commune ayant fini par souscrire, en nature, l'équivalent d'une journée de bouvier. Ces travaux de restauration concernent avant tout la couverture, l'abside et le portail. Le portail est refait presque entièrement en pierre d'Arudy par le sculpteur Bouey. Il est possible que ce soit à cette époque que les deux escaliers droits construits à l'extérieur de chaque côté de la nef, au XVIe ou au XVIIe siècle, sont supprimés et remplacés par un escalier de bois à l'intérieur (PR).

En 1998 (IKK), l'église est classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Compostelle (IKK, GPR).


TOPONYMIE

Saint-Blaise est le saint à qui est dédiée la chapelle. L'Hôpital-Saint-Blaise est le nom du village où se situe l'église. Ce nom provient de l'ancien hôpital autrefois édifié en ce lieu et dont il ne reste que l'église.


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Église Saint-Blaise de l'Hôpital-Saint-Blaise (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'Église Saint-Blaise de l'Hôpital-Saint-Blaise.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Camp de Gurs, L'Hôpital-Saint-Blaise 16,5 300 250 18,18 T1 Autorisé


SOURCES

TAR : Trésors de l'art roman en Pays Basque. 2021. Maritchu Etcheverry. Kilika éditions.
PR : Pyrénées romanes. 1969. Victor Allègre, Marcel Durliat. Zodiaque.
GPR : Guide des Pyrénées romanes. 2011. Julie Vivier, Sylvain Lapique. Editions Privat
IKK : La coupole hispano-mauresque de l'Hôpital-Saint-Blaise. 2008. Robert Elissondo. Article internet Association Ikerzaleak.
BM : Eglise Saint-Blaise. Base Mérimée. Site internet.


PHOTOS

Face sud-ouest (09/06/22)

Façade ouest et portail d'entrée (09/06/22)

Portail d'entrée et tympan (09/06/22)

Abside (09/06/22)

Portail d'entrée, tribune (09/06/22)

Bras du transept nord (09/06/22)

Bras du transept sud (09/06/22)

Face nord (09/06/22)

Abside (09/06/22)

Église (09/06/22)



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