Le dragon d'Isaby

LE DRAGON D'ISABY


Auteur inconnu


- La légende presque vraie
- La vraie légende
- Sources
- Topos

LA LEGENDE PRESQUE VRAIE

Jean avait une haleine de vautour. Autant dire qu'il puait du bec. Mortellement. Il s'était ainsi retiré en ermite dans les montagnes qui formaient une ceinture de pics autour du vallon d'Isaby. Mais, à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, troupeaux, chiens et pasteurs du vallon tombaient raides.

Il y avait à Arbouix, un village voisin, un jeune homme beau et courageux dont toutes les femmes étaient amoureuses. La sorcière du patelin, qui frétillait à chacun de ses passages, accepta sans hésiter lorsqu'il lui demanda son aide pour s'occuper du terrible Jean. Vicks, c'était ainsi qu'elle se nommait, s'attela à son chaudron et créa une pastille qui fait du bien à la bouche et surtout aux voisins.

Le jeune homme apporta la pastille à Jean qui s'empressa de l'avaler. Malheureusement, la sorcière, qui biberonnait au whisky-coca - avec peu de coca, elle digérait mal les bulles -, s'était trompée dans ses ingrédients. Jean fut effectivement guéri. Mais il avait constamment soif. Et constamment la vessie pleine. Il buvait. Il pissait. Il buvait. Il pissait. Des litres et des litres. A longueur de journées. A longueur de nuits. A longueur d'années.

C'est ainsi que naquit le beau lac d'Isaby.

Extrait des Chroniques de Jean le Charlatan

LA VRAIE LEGENDE

A une époque très ancienne, le plus grand serpent qu'on ait jamais vu, hantait les montagnes qui formaient une vaste ceinture de pics, autour du vallon verdoyant d'Isaby. Des troupeaux innombrables y paissaient, sous la conduite des bergers de la vallée et de leurs grands chiens blancs. Quand le dragon se réveillait, affamé, il ouvrait sa vaste gueule, et un souffle magique traversant le vallon, emportait troupeaux, chiens et pasteurs qui s'engouffraient dans les entrailles du monstre.

Or, il y avait dans le village d'Arbouix, un homme qui avait beaucoup de courage et non moins d'adresse. Il résolut de délivrer son pays et dans ce but, il établit une forge dans le lieu le plus secret du vallon d'Isaby. Il mit au feu une lourde enclume de fer. Lorsqu'elle fut rouge, il la porta à l'entrée du repaire du monstre, avec l'aide de quelques compagnons dévoués et tous s'enfuirent. Lorsque le serpent vit le fer rouge, il l'aspira comme il l'aurait fait d'un mouton, d'un seul trait. Le feu se mit à ses entrailles et, dévoré par la soif, la bête se prit à boire, à boire jusqu'à en crever. Alors l'eau qu'elle avait avalée se répandit dans le fond du vallon. C'est ainsi que naquit le lac d'Isaby, aux eaux bleues et poissonneuses.

Les habitants, reconnaissants, accordèrent à leur sauveur le droit de conduire ses troupeaux sans avoir de redevance à payer, sur les pacages qu'il avait débarrassé de la bête. Ils prirent également les côtes du reptile et crurent de se rendre agréables à Dieu en s'en servant pour construire une église. Mais quand l'église fut bâtie, la grêle tomba sans relâche sur le pays. On connut par là qu'il fallait brûler ces os, parce qu'ils étaient maudits. Quand ils furent consumés, la grêle cessa.

SOURCES

Guide des Pyrénées mystérieuses (Bernard Duhourcau / Editions Sand, Editions Tchou)
Les légendes des Pyrénées, 3e édition (Karl des Monts / Michel Lévy Frères Éditeurs)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant au Lac d'Isaby.

LÉGENDES


Commentaires