Château de Mauvezin

CHÂTEAU DE MAUVEZIN
537m

4 avril 2022


INFOS

Le château de Mauvezin est une forteresse qui tombait en ruines et qui fut restaurée au XXe siècle puis plus largement au début du XXIe siècle par l'association Escòla Gaston Febus. Le parti-pris de la restauration est de lui rendre l'aspect qu'elle avait au XIVe siècle, alors qu'elle était possédée par Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Fébus. Ce dernier avait fait modifier le château primitif, daté du XIe siècle, pour en faire une véritable place forte. Les travaux de restauration les plus importants de l'association Escòla Gaston Febus ont été réalisés par des entreprises, mais des bénévoles ont aussi pris une part essentielle du travail afin de limiter le coût. Actuellement, le château, payant, peut être visité et accueille des animations estivales, des expositions et la bibliothèque de l'association Escòla Gaston Febus.

Le donjon
Le donjon, de 37m de haut et carré, fut construit à la fin du XIVe siècle, par l'architecte Sicard de Lordat à la demande de Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Fébus. Il est placé sur le côté sud-est de l'enceinte rectangulaire du château. Il fut largement restauré au début du XXIe siècle, notamment avec la pose de la toiture en 2015. Sur la façade est du donjon se trouvent de grandes plaques de crépi datées du XVe siècle et conservées lors de la restauration.

Les remparts
Les remparts, faits de cailloux roulés provenant du ruisseau Arros situé en contrebas, furent probablement construits au XIIIe siècle puis rehaussés à la fin du XIVe siècle, par l'architecte Sicard de Lordat à la demande de Gaston Fébus. Aux angles de l'enceinte, des contreforts très saillants servaient de supports à des ouvrages aujourd'hui disparus et chacun des trois côtés du rectangle, en dehors de celui du donjon, est soutenu par un gros contrefort qui devait avoir le même usage. Les remparts furent également largement restaurés au début du XXIe siècle et, en 2015, comme pour le donjon, les contreforts reçurent chacun une toiture.

La tour intérieure
Au milieu de la cour du château se trouve une tour en pierre. Elle fut édifiée par l'architecte Sicard de Lordat à la demande de Gaston Fébus, au XIVe siècle et à la place du donjon primitif en bois construit probablement au XIe siècle. La tour fut largement restaurée au début du XXIe siècle.

Dalle héraldique
Au-dessus de la porte d'entrée du château se trouve une dalle héraldique. Dans un cadre formé de feuillages frisés ayant à leur départ deux marmousets à tête en bas et soutenu par une moulure décorée de façon analogue se trouve les emblèmes héraldiques de Gaston Fébus. A l'intérieur du cadre est gravée la devise j'ay belle dame qui signifie j'ai une belle dame. Cette devise est la devise de Jean 1er de Foix-Grailly et est datée de la première moitié du XVe siècle. La dalle héraldique fut restaurée en 2006, la hampe du fanion étant refaite et les armes étant repeintes, et une feuille de plomb fut placée au-dessus pour la protéger du ruissellement.

Le bâtiment d'accueil
Le bâtiment réservé à l'accueil du public fut construit en 1981 lors du début de la campagne de restauration du château.

La basse-cour
La basse-cour du château, qui accueille un parking et une aire de pique-nique, est entourée d'une palissade en bois et une entrée couverte est formée par deux tours en bois construites en 2020. Cette basse-cour se situe probablement sur les anciennes basses-cours du château primitif du XIe siècle.

Le cimetière
Au pied du château se trouve un cimetière, installé en 1849, qui se trouve sur l'une des deux anciennes basses-cours du château primitif du XIe siècle.


HISTOIRE

0 à 500
A l'époque romaine, le lieu où se trouve l'actuel château de Mauvezin, et qui est alors situé sur la voie reliant Saint-Bertrand-de-Comminges à Dax, est probablement occupé par un oppidum gallo-romain.

1000 à 1200
En 1079, après avoir répudier sa femme Gisla sous la pression du pape Grégoire VII pour cause de niveau de parenté prohibé, le seigneur Centulle V le Jeune, vicomte de Béarn, épouse Beatrix de Bigorre, devenant ainsi comte de Bigorre sous le nom de Centulle 1er. Il fait ensuite construire des mottes féodales dans plusieurs endroits de ses possessions. C'est ainsi qu'un château primitif, probablement une simple tour en bois entourée de palissades, est édifié à Mauvezin. Au pied du château, se trouvent deux basses-cours abritant des maisons et protégées par des fossés et fermées de palissades. La plus grande, située côté sud, a une largeur de 12 mètres environ. Le château domine alors un village également fortifié par des palissades.
-> voir les infos sur Centulle V le Jeune.

En 1083, le 12 mars, le château est cité pour la première fois dans un texte. Celui-ci est un pacte de paix entre Sanche de Labarthe et Béatrix, comtesse de Bigorre et épouse de Centulle V le Jeune.

En 1133, les seigneurs de Bigorre se réunissent à Mauvezin pour borner le comté avec celui de Labarthe. Les seigneurs sont alors Beatrix II de Bigorre et Pierre de Marsan son époux. Ce sont eux qui favorisent l’installation de l'Abbaye de l'Escaladieu, au pied du château de Mauvezin.
-> voir les infos sur l'Abbaye de l'Escaladieu.

1200 à 1300
Au XIIIe siècle, le donjon est en maçonnerie. Il a 3 étages et son entrée s'effectue au 1er étage. La salle du rez-de-chaussée est voûtée et est accessible par une trappe du 1er étage. Par la suite, des remparts en quadrilatère sont probablement construits autour du château primitif et remplacent les palissades en bois.

En 1216, la comtesse Pétronille de Bigorre hérite du château de Mauvezin.

En 1232, la comtesse Pétronille de Bigorre donne Mauvezin au comte de Comminges, comme gage pour garantir la paix.

En 1292, le roi Philippe le Bel, après avoir racheté d'obscurs droits sur le comté de Bigorre remontants à 1062, se déclare suzerain et possesseur de la Bigorre, dans laquelle est inclus Mauvezin, à titre de séquestre.

1300 à 1400
En 1302, le roi Philippe le Bel prend possession du comté de Bigorre.

En 1322, Charles IV, fils de Philippe le Bel, réunit le comté de Bigorre à la couronne de France.

En 1360, le 8 mai, le comté de Bigorre est donné au roi d'Angleterre, par le traité de Brétigny entre le roi de France et le roi d’Angleterre.

En 1362, Édouard III, roi d'Angleterre, érige l'Aquitaine, dont fait partie le comté de Bigorre, en principauté, et c'est le Prince noir, prince de Galles et fils ainé de Édouard III, qui en devient le gouverneur.

En 1368, les seigneurs bigourdans se révoltent contre la principauté d'Aquitaine et demandent de l'aide au roi de France, qui passe à l'offensive. Le château de Mauvezin, fidèle à la principauté anglaise, résiste.

En 1373, le duc d'Anjou, frère du roi Charles V, s'attaque à Mauvezin avec 8000 hommes. Ne pouvant espérer prendre le château d'assaut, il décide de l'assiéger et s'installe dans les prairies au bord de l'Arros, à proximité. Le château, tenu par des gens du pays et commandé par Raymond de Lespée, résiste pendant six semaines. Mais, une sécheresse s'abattant sur la contrée et le duc d'Anjou coupant l'accès au puits fournissant l'eau, en contrebas du fossé, les défenseurs finissent par manquer d'eau et par capituler. Le duc d'Anjou prend le château et le donne à Jean 1er d'Armagnac.

En 1379, le 20 mars, après la guerre de succession du Comminges et suite au traité d'Orthez, Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Fébus, se fait donner par Jean 1er d'Armagnac, entre autres revendications et à perpétuité, les châtellenies de Goudon et de Mauvezin. Gaston Fébus réunit ces nouvelles terres aux châtellenies de Lannemezan, Sarramezan, Saint-Gaudens et Cassagnabère pour former le Nébouzan. En contrepartie de ce traité d'Orthez, Gaston Fébus et sa lignée renoncent à toutes prétentions sur le comté de Comminges et, afin d’assurer l'application de ce traité, il est bien précisé que les seigneurs ont juré serment sur le corps de Jésus Christ, devant Monseigneur Beguer, évêque de Lectoure, avec toutes les conséquences s'ils venaient à le rompre. Gaston Fébus fait ensuite édifier une véritable forteresse sur l'emplacement du château primitif de Mauvezin. Il confie les travaux à l'architecte languedocien Sicard de Lordat qui transforme la tour en bois en tour en pierre, ajoute un donjon de 37m de haut et fait rehausser les remparts. Le château de Mauvezin s'intègre ainsi à un large système défensif composé de plusieurs châteaux protégeant tout le territoire du seigneur, d'Orthez à Foix.

En 1391, Gaston Fébus décède et Mathieu de Castelbon, son successeur, récupère ses possessions.

1400 à 1600
En 1425, Jean 1er de Foix-Grailly, fils d’Archambaud de Grailly et de Isabelle de Foix-Grailly, la sœur de Mathieu de Castelbon, héritier de Gaston Fébus et qui est mort sans descendance, obtient la Bigorre. Par la suite, il fait entreprendre des travaux au château de Mauvezin pour l'aménager en résidence comtale et fait apposer sa devise j'ay belle dame sur la plaque héraldique située au-dessus de la porte d'entrée. Cependant, Jean 1er de Foix-Grailly ne pourra achever ces travaux et, après sa mort, le château ne servira plus vraiment.

Durant les Guerres de Religion, le château de Mauvezin sert de prison. Des huguenots y sont emprisonnés et l'un d'eux grave, sur les murs du donjon primitif, l'inscription Dieu seul sera adoré et l'Antéchrist de Rome abîmé.

1700 à 1900
Au cours de la Révolution, le château de Mauvezin devient bien national. Par la suite, il devient propriété de la commune puis sert de carrière aux habitants de Mauvezin.

En 1797, un arrêté municipal est pris par la commune afin de lutter contre le pillage des pierres du château.

En 1849, un cimetière est installé à proximité du château, dans une des deux anciennes basses-cours du château primitif.

En 1862, Achille Jubinal, député des Hautes-Pyrénées, rachète le château à la commune afin de le restaurer, mais il ne peut commencer les travaux.

1900 à 2020
En 1906, les héritiers de Achille Jubinal vendent le château à Albin Bibal, maire et conseiller général de Masseube. Celui-ci entreprend des travaux de restauration en style romantique pour l'habiter. Il construit un escalier métallique en colimaçon pour accéder à la cour, un escalier métallique double à l'intérieur de l'enceinte pour accéder au chemin de ronde, réaménage le donjon par la création d'un escalier en bois, réorganise les différents niveaux de plancher et refait le crénelage du donjon. Il veut rétablir la rampe d'accès et le pont-levis mais la commune s’y oppose pour laisser libre l'accès au cimetière.

En 1907, le 28 mars, Albin Bibal donne le château à l'association Escòla Gaston Febus, dont il est membre. Par la suite, quelques travaux de consolidation sont réalisés au cours du temps par les différents concessionnaires, comme le déblaiement de la cour ou la réfection de l'arc de la porte d’entrée.

En 1941, le château est inscrit aux Monuments historiques.

En 1981, une campagne de restauration débute. Guy Cassagnet, le conservateur nommé par l'association, entreprend la rénovation des bases des contreforts, de la courtine sud-est, et la construction d’un bâtiment d’accueil pour le public. Les travaux coûtent 327 220 €, autofinancés à hauteur de 40 %.

En 1996, Jean-François Abadie est nommé conservateur. Il réalise des travaux de mise en sécurité du château pour recevoir le public en toute sécurité avec la consolidation du plancher entre le 5ème et le 6ème niveau, la réfection de certaines parties de l’escalier du donjon, la rénovation de l'installation électrique et l'installation d'un éclairage réglementaire de secours.

En 1999, le conseil d’administration décide de lancer une campagne de restauration complète du château, et de commander une étude globale confiée à Olivier Naviglio, architecte en chef des Monuments historiques, pour en faire le bilan sanitaire, définir un parti de restauration, un phasage des travaux et une estimation du coût. Après une présentation du projet au Conseil Général, celui-ci décide d’accompagner l’association à hauteur de 25 % du montant des travaux, ce qui rend possible la campagne de restauration.

En 2002, le permis de construire est accordé et la société Dos Reis de Jarret est retenue pour la réalisation des travaux.

De 2003 à 2006, les courtines nord et nord-est puis les courtines sud et sud-est sont restaurées. La dalle héraldique au-dessus de la porte est restaurée et une feuille de plomb est placée au-dessus pour la protéger du ruissellement. La hampe du fanion est refaite et les armes repeintes. Les garde-corps métalliques de protection extérieure, qui dataient de la restauration de 1906, sont enlevés et restaurés pour être replacés du côté intérieur, avec un grillage rigide soudé.

De 2007 à 2008, un escalier de bois pour accéder aux courtines est construit pour remplacer les deux escaliers métalliques qui n’étaient plus en très bon état et qui sont détruits ainsi que leurs supports maçonnés. Le clocheton au sommet du donjon est refait pour permettre l’installation d’un relais de téléphonie. Les courtines ouest et sud-ouest sont restaurées. Les latrines en encorbellement sont reconstituées et dotées d’une arquebusière donnant le jour à la latrine. La cheminée intérieure qui avait été murée en 1906 est dégagée et restaurée. Le mur intérieur, qui présente deux alignements du parement qui date de sa reconstruction en 1906, ne peut être corrigé.

De 2009 à 2011, le donjon est rénové. De grandes plaques de crépi datées du XVe siècle et situées sur la façade est du donjon sont conservées.

En 2013, le donjon primitif situé au milieu de la cour est restauré. Au total, les restaurations auront coûté 1 652 500 €, autofinancées à hauteur de 68 %.

En 2015, des toitures sont posées sur les contreforts des remparts du château et la toiture du donjon est installée.

En 2020, deux tourelles en bois sont construites dans la basse-cour du château, formant une entrée couverte dans la palissade en bois.


TOPONYMIE

Le nom de Mauvezin vient du village, nommé Mauvezin, au-dessus duquel se situe le château. Mauvezin viendrait du gascon mau qui signifie mauvais et du gascon vesin qui signifie voisin. Mauvezin signifierait ainsi le mauvais voisin.


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Château de Mauvezin (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant au Château de Mauvezin.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Abbaye de l'Escaladieu, le Turounet, Château de Mauvezin 14 550 537 39,29 T1/T2 Autorisé


SOURCES

Château de Mauvezin (Site officiel)
Gaston Febus construit le château de Mauvezin (Escòla Gaston Febus / Site internet)
Château et donjon de Gaston Phoebus (Base Mérimée)
Pays des Nestes et de Comminges des origines à nos jours (Jacques Brau / MonHélios)
Guide des Pyrénées mystérieuses (Bernard Duhourcau / Éditions Sand, Éditions Tchou)
Château-fort de Mauvesin (Alcide Curie-Seimbres / Éditions Lacour-Ollé)
Le château de Mauvezin (Loucrup65 / Site internet)
Guide des Pyrénées romanes (Julie Vivier, Sylvain Lapique / Éditions Privat)


PHOTOS

Château de Mauvezin

Contreforts, Donjon

Entrée du château

Entrée du château, Bas du donjon, Entrée du cimetière

Haut du donjon

Basse-cour

Rempart, Contreforts, Donjon

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Cimetière, Bas du donjon, Contrefort

Donjon, Rempart, Contrefort

Bas du donjon

Haut du donjon

Palissade, Sortie du château

Château de Mauvezin



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