LE TAUREAU DE SARRANCE
Dessin Sergey Ilyinsky |
LA LÉGENDE PRESQUE VRAIE
Il fut un jour, à une date inconnue, vers le 6 octobre de la sainte année 1192, à l'heure bénie et approximative de 12 heures 43 minutes et 26 secondes, où Jean débarqua en Vallée d'Aspe. Il venait de quitter la Haute Soule et sa communauté de cocus décornés, et ondulait sa graisse avec grâce dans les eaux limpides et immaculées du gave d'Oloron qui dégringolait des hauts sommets du haut de la haute vallée. C'est dire si c'est haut.
C'est à ce moment peu précis que Jean, qui était jusqu'ici tendu comme un string, qu'il portait à ravir, c'est à signaler, se senti envahir par une onde de bien-être. Il décompressa. Et c'est ainsi que l'onde remonta son corps gracieux et graisseux, sortit de sa gorge, et délivra le fameux rot puissant et tempétueux. Non loin de là, glandait une jeune femme qui n'avait jamais connu l'amour. Ni Jean-François Lamour, cela aurait été anachronique, n'allons pas nous escrimer à écrire n'importe quoi. Cette jeune femme, donc, était réputée pour sa peau d'ébène et sa beauté légendaire. Elle était aussi la fille préférée de Gérard Lindt, le roi de la cité voisine d'Oloron. La demoiselle entendit le grondement sourd accompagné d'une terrible odeur rance. Terrifiée et croyant en la fin du monde, elle se jeta dans le gave. Elle ne savait pas nager. C'est ballot.
A la demande du roi, le cureton d'Oloron ordonna la construction d'une chapelle à l'endroit où la pauvre fille disparut. Jean préféra s'éclipser gracieusement.
Ainsi est née la légende de la chapelle du gros rot très rance.
LA VRAIE LÉGENDE
Autrefois, l'entrée de la Vallée d'Aspe n'était qu'un lieu désert, affreux, un simple lieu de passage pour les montagnards de la contrée. Mais tout changea à la fin du XIIe siècle. C'est en effet à cette époque qu'un berger, qui gardait son troupeau de bovins non loin de là, remarqua que l'un de ses taureaux s'éloignait chaque jour du cheptel. Intrigué, l'homme décida de le suivre et, surpris, le vit traverser le gave à la nage, gagner l'autre rive et s'agenouiller devant une grosse pierre. Sous les yeux d'un pêcheur assis non loin de là, le berger traversa à son tour et découvrit, surmontant la pierre, une petite statue noire représentant la Vierge et qui émergeait d'une source aux eaux pures.
De retour chez lui, l'homme s'empressa de raconter sa découverte. La source fut nommée la Source du Taureau et elle fut bientôt visitée par tous les Aspois. L'évêque d'Oloron, informé de la situation, vint à son tour et ordonna que l'on transportât la statue miraculeuse dans sa ville. Mais, le lendemain matin, les habitants, qui se pressaient pour adorer l'idole noire, ne purent que constater sa disparition. Elle fut rapidement retrouvée, reposant à l'endroit même où le berger l'avait découverte.
L'évêque d'Oloron comprit que Dieu désirait que la Vierge fut vénérée en ce lieu précis. Il ordonna alors qu'une chapelle soit édifiée en cet endroit. La construction à peine achevée, des païens à l'esprit rebelle s'emparèrent de la statue et la jetèrent dans le gave. C'est alors que, sous les yeux effrayés de ses ravisseurs, elle fendit les eaux et regagna sa demeure.
C'est ainsi que, depuis ce temps, la chapelle s'élève à l'entrée de la Vallée d'Aspe et que la Vierge est vénérée dans le village de Sarrance.
SOURCES
Guide des Pyrénées mystérieuses (Bernard Duhourcau / Editions Sand, Editions Tchou)1000 lieux légendaires et mystérieux des Pyrénées, vol.2 (Francis Baro / Rando Editions)
Le légendaire pyrénéen (Anne Lasserre-Vergne / Editions Sud Ouest)
Les légendes des Pyrénées, 3e édition (Karl des Monts / Michel Lévy Frères Éditeurs)
TOPOS
Les topos du Bouquetin Boiteux passant à Notre-Dame de Sarrance et Notre-Dame de la Pierre.Oratoire sous la Chapelle Notre-Dame de la Pierre |
Chapelle Notre-Dame de la Pierre |
Gravure sur l'oratoire |
Surlignage photoshop de la gravure |
Sanctuaire Notre-Dame de Sarrance |
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