ULTRA TRAIL 130K
EUSKAL TRAILS 2025
Assistance
LE COMPTE-RENDU
L'été dernier, avec mon épouse, l'assistance de notre nièce Sarah sur ses 160 km du GRP s'était faite un peu beaucoup dans l'improvisation la plus totale. Pour ce long week-end de l'ascension 2025, on s'est un peu mieux organisé. Enfin, presque. On est pas des pros de l'assistance. De vrais amateurs même. Et d'ailleurs, pas sûr qu'on puisse vraiment parler d'assistance. C'est plus un soutien moral. Bon, Sarah, côté mental, c'est du costaud, du brutal, de l'insubmersible. Autant dire que le soutien moral, elle n'en a pas vraiment besoin. On est là. On fera au moins acte de présence.
Jeudi. Fin du boulot, petit repas du soir, puis direction Saint-Etienne-de-Baïgorry, dans le Pays Basque, pour l'Ultra Trail de l'Euskal Trail. On arrive, la nuit est déjà tombée et on retrouve Sarah. On discute le bout de gras. Ces derniers temps, elle a accumulé de la fatigue. Et comme d'habitude, sa préparation, ben, c'était du spécial Sarah. Du n'importe quoi. En pire. Elle doute de finir cet ultra. Moi, je n'ai pas de doute, elle va terminer. La question est plutôt en combien de temps, à quelle place, dans quel état. 23h. Il serait temps qu'elle aille au dodo. Le départ est prévu à 5h, elle doit se lever à 4h.
5h. On entend le feu d'artifice. Ca y est, le 130K est parti. On a un peu de temps, on prévoit de la retrouver au premier col routier, Gaztiparlepoa, au 19ème kilomètre. On se lève tranquille puis on prend la route. La petite route. La toute petite route. Au col, pas de places pour se garer. On s'éloigne pour se mettre finalement à proximité d'une maison perdue et on rejoint le col à pied. Le Pic d'Iparla nous surplombe. C'est superbe. D'où on est, je vois le couloir de montée pour rejoindre la crête. Très chouette couloir. Pas très long mais bien raide. Les coureurs vont passer par là. Bon courage.
Sur l'Ultra Trail, il y a plusieurs Givrés qui se sont élancés. Il y a Simon G., Pierre L., Thomas D. et Caroline L. Simon G. c'est du solide. Il a de l'expérience et il avance sacrément bien. Thomas D., c'est pas mal non plus. Je l'ai vu progresser petit à petit pour devenir un des membres moteur du club. Caroline L., c'est son premier ultra. Ancienne internationale de rugby et sœur d'un coureur pro de cyclisme qui a aligné plusieurs Tour de France, elle a du mental et quelques gènes qui traînent par là. Elle part donc avec quelques atouts dans sa manche. Quant à Pierre L., il faut s'arrêter un peu sur son cas. Il a terminé l'an passé son premier ultra, le 120K du GRP. Mais surtout, il est connu au club comme le chat noir. Disons que lorsqu'il s'inscrit à une course, il faut absolument éviter de s'inscrire aussi. On est à peu près sûr qu'il y aura une couille dans le potage. Généralement c'est orages, tempêtes voire ouragans. Autant dire que les possibilités que la course soit réduite en distance ou tout simplement annulée sont grandes. Aujourd'hui, c'est la canicule. Il innove le Pierre.
C'est donc une grosse chaleur qui est prévue aujourd'hui. Très grosse. Et c'est la première de l'année. Les corps n'ont pas eu le temps de s'habituer à de hautes températures. Ca va être dur pour nous dans la voiture et à attendre aux points de passage. Bon, ok, ça va être dur pour les coureurs aussi. Les abandons vont sûrement pleuvoir. Sarah, en général, elle gère plutôt bien le chaud. J'ai pas une énorme inquiétude pour elle.
On est donc à Gaztiparlepoa. Il est tôt, il fait encore frais. Le bénévole, seul, ne sait plus trop où donner de la tête. Les voitures débarquent dans tous les sens dans ce col minuscule, en même temps que les coureurs. C'est un peu le bordel. Mais le bénévole n'en perd pas sa bonhomie et son grand sourire. Au top, ce bénévole. Parce qu'il y a de quoi s'arracher les cheveux. Simon G. passe. Il est bien, surpris de me voir là. Puis Sarah déboule avec son style si particulier. Pas très aérien. On la reconnaît de loin. Elle est bien aussi. Elle passe rapidement. Puis vient le tour de Caroline L. Rien à signaler, ça déroule. Un peu plus tard, c'est Thomas D. qui arrive. Il a la tête des mauvais jours. Il me dit que son bras est douloureux et je sens que le moral est dans les chaussettes. Cela va être compliqué. Le temps passe. Pierre L. passe. Il est tranquille. Surpris aussi de me voir. Et il me demande comment je vais. Oui, bon, moi ça va, j'ai pas 130 km à faire à pied. Enfin... plus que 110...
De voir tous ces coureurs et l'ambiance, c'est vrai que ça titille un peu. Mais bon, les sacrifices à faire, mes douleurs, mes genoux cagneux, mes pattes d'oiseau rachitiques et mes faibles capacités me font vite redescendre sur terre. Finalement, avec mon épouse, on attend que tous les coureurs passent afin que le col se vide et qu'on puisse passer tranquille. On a un peu de temps avant le prochain point de passage.
Nous voici au Col d'Ispéguy. La vue est magnifique. Cela me replonge dans mes souvenirs de rando. Le sommet de l'Autza est pas très loin. C'est un joli coin pour patienter. Mon épouse découvre ce bout de Pays Basque et le trouve superbe. Moi, ça fait déjà quelques temps que j'en suis tombé amoureux. C'est le 33ème kilomètre de la course. Des coureurs passent. Simon G. est déjà passé. Puis c'est Caroline L. Elle est passée devant Sarah. On attend. Bon, là, on se rend compte des pros de l'assistance. Les pros, ils sont là avec la chaise pliante, la glacière, les sacs remplis de diverses choses comme des pansements, de la bouffe, des vêtements. Nous, on a... euh... une pauvre bouteille d'eau, une paire de chaussettes et de la crème solaire. Voilà, c'est ça. Il y a les pros et les amateurs. Nous, c'est le cran encore en-dessous. Les tocards de l'assistance.
Sarah arrive. Elle est encore bien fraîche. Elle gère la chaleur. La tête va bien, les jambes vont bien. Bref, tous les voyants sont au vert. Elle repart. Bon, on ne traîne pas, on descend aux Aldudes. Je regarde le live. Thomas D. a fini par abandonner. Coup dur. Et Pierre L. n'est pas encore arrivé au Col d'Ispéguy.
Aux Aldudes, 47ème kilomètre, je vois Léa, l'épouse de Simon G. Elle lui fait l'assistance. Elle me dit que son mari est en difficulté. Il a des crampes terribles. Mince. Caroline L. passe. Elle a l'air de bien gérer le truc et de ne pas trop subir. Ses proches l'entourent. Un peu plus tard, c'est Sarah qui arrive. Elle paraît toujours fraîche. Elle gère bien la chaleur. Elle s'est jetée dans le moindre ruisseau qu'elle a croisé. Par contre le bide montre des faiblesses. Aïe. Bon, elle repart avec un grand sourire. On a l'impression qu'elle vient juste de débuter sa course. Costaud. Entretemps, Simon G. est arrivé. Il repart, je le rate de peu.
On part vers le col routier suivant. Urkiaga, 62ème kilomètre. Le soleil tape fort. On arrive. Le col est en forêt, sous de grands arbres. Ca nous convient bien. J'entends deux bénévoles qui discutent. Les abandons s'enchaînent. C'est une véritable hécatombe. Pas étonnant. Au final, il y aura 250 abandons. Sur 488 participants. Caroline L. passe. Puis Sarah. Toujours aussi fraîche. Le bide va mieux. On l'arrose d'eau. Elle repart. Notre assistance est quand même assez limitée. Et, honnêtement, on lui sert pas à grand-chose. Allez, hop, direction Urepel. Un œil sur le live. Simon G. a dû abandonner à Urkiaga. Grosse frustration pour lui, c'est son premier abandon. On parle souvent du mental dans le trail, mais il y a un moment, ça ne fait pas tout et les douleurs prennent le dessus. C'est dur quand on sait tous les entraînements et le temps investi qu'il y a derrière cela. De son côté, Pierre L. est toujours en course.
L'heure de passage prévue à Urepel, 75ème kilomètre, nous laisse un peu de temps. On s'arrête dans un chemin, à l'ombre et on se pose un peu. Une petite sieste s'impose. Régulièrement depuis le début, Sarah nous envoie des photos ou des messages. Elle se promène.
L'heure arrive, on se rend à Urepel. Caroline L. passe. Un peu plus tard, c'est Sarah. Elle est toujours bien. Aucun coup vraiment dur pour le moment. Mais elle pense que des ampoules se forment aux pieds. C'est le bon moment, Urepel, c'est la base de vie. Elle va voir les podologues. Finalement, ce ne sont pas des ampoules, ce sont les pieds qui ont macérés dans l'humidité. Oui, bon, ça reste des pieds en compote. Massage, crème et ça repart. Dans quelques heures, elle va attaquer la course de nuit. Un ami de son club est là et va l'accompagner durant ce moment. Pierre L. a passé les Aldudes.
Nous, on part sur Banca, 112ème kilomètre. Des nuages menaçants pointent le bout de leur écume. Des orages sont prévus. Ca fout un coup de pression. Pourvu que ça passe à côté, loin des coureurs. La nuit tombe. On a pas mal de temps libre avant l'horaire prévu de passage. On va dormir un peu. L'orage arrive, la pluie tombe comme vache qui pisse. Enfin, comme des milliers de vaches qui pissent. Ca gronde pas trop, c'est déjà ça.
Le réveil sonne. L'orage est passé. Sarah va bientôt rejoindre Banca. Entretemps, Pierre L. est arrivé à Urepel et s'est posé un peu avant de repartir. Banca, c'est assez animé car il y a le passage de l'Iluna Trail, la course de nuit. Caroline L. passe. Puis Sarah. Cela devient un classique de ces dernières 24h. Elle a évité l'orage qui est passé à côté d'elle. Elle n'a eu que quelques gouttes. Elle est toujours bien. Toujours fraîche. Cette fraîcheur, c'est quand même assez hallucinant. C'est un contraste saisissant avec son coup de mou l'année passée sur le 160K du GRP. Elle repart, le sourire aux lèvres, presque en sautant partout.
Pour nous, c'est direction Saint-Etienne-de-Baïgorry pour l'acte final. On a pas mal roulé, croisé de nombreuses voitures de suiveurs dans cette petite vallée. J'avoue que le bilan carbone de ces 24h n'est pas fameux. La fatigue s'installe. L'arrivée est prévue dans quelques temps. Allez, hop, dodo.
Le réveil sonne. Deuxième fois cette nuit. C'est plus de mon âge tout ça. Mais bon, le réveil n'est pas trop compliqué. C'est sûrement l'excitation de voir Sarah terminer sa course. On se lève et on se dirige vers la ligne d'arrivée. 5h30, 6h du matin, le village est calme.
On croise Caroline L. dans les rues. Elle vient de terminer. Sur le podium. 3ème féminine, joli. Elle me dit que cela a été un gros chantier. La chaleur mais aussi les montées et les descentes bien raides. Toujours plus raides. Thomas D. est là aussi. Forcément déçu. Après son abandon, malgré cette grosse déception et la douleur, il est allé faire l'assistance de Pierre L. Très chouette le Thomas. De leur côté, Léa et Simon G. sont partis voir les Givrés qui courent sur les Trails du Hautacam. Un peu fous ces Givrés.
On attend. On patiente. Puis la voilà, au loin, au bout de la rue en ligne droite. Toujours son style reconnaissable de loin. Il y a les danseuses classiques, et puis il y a Sarah. Chacun son style. En tout cas, c'est rudement efficace. Elle passe la ligne d'arrivée. 25h et 40mn de course, 5ème féminine et 45ème au scratch. Impressionnante. Elle ne semble pas vraiment fatiguée. Elle avoue quand même que ce n'était pas une promenade de santé, que le parcours était bien exigeant, et qu'elle a eu quelques moments en fin de nuit où elle se serait bien vue s'allonger et dormir. Elle nous explique que ça lui a fait du bien de nous voir à chaque point de passage, que ça lui a permit mentalement de découper sa course en petits tronçons. Elle enlève ses godasses. Ses pieds, c'est un peu steak tartare, mais en moins appétissant.
Bon, pour nous, la fatigue est là. Alors on rentre. Je regarde le live. 9h38, Pierre L. passe à Banca. 14h46, il franchit la ligne d'arrivée. Il s'est cogné presque une deuxième journée de grosse chaleur. Costaud. Je me dis qu'au fond du peloton, les coureurs sont sur les chemins et les sentiers bien plus longtemps que les premiers. Et pas sûr que, proportionnellement, ils s'économisent plus. Bon, tout ça, ça m'a donné quelques idées pour de futures randonnées. Mais elles feront moins de 130 kilomètres, c'est sûr.
LE SITE
Euskalraid. Site officiel.
Commentaires
Enregistrer un commentaire