Circaète Jean-le-Blanc

Circaète Jean-le-Blanc

Circaetus gallicus

Photo Valia Pavlou © - iNaturalist


LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)

Le Jean-le-Blanc, qui se nourrit presque exclusivement de serpents, possède une technique de chasse très particulière. En effet, on peut le voir s'approcher nonchalamment de sa proie, une flute au bec. Il se met alors à jouer une mélodie envoûtante et le reptile, incapable de résister, se met à danser langoureusement. Charmé et hypnotisé, il n'offre alors plus aucune résistance et l'oiseau, malin comme un singe, n'a plus qu'à le saisir sans difficulté pour en faire un ragoût.

Avec ses 70cm pour 1,9m d'envergure, le Jean-le-Blanc, qui est plutôt pâle, ne doit pas être confondu avec le Michel-Blanc, qui est plutôt bronzé. C'est un oiseau fidèle et les couples sont unis pour la vie. Chaque année, madame pond un énorme œuf, fruit de leur amour passionné. Et auteur d'un violent mal au derche.

Le Jean-le-Blanc, qui est un migrant, effectue le vol stationnaire. Il a ainsi beaucoup de mal à atteindre sa destination.

Extrait du manuel du Bouquetin Bucolique


LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)

- Noms
Circaète Jean-le-Blanc (français), Short-toed Snake eagle (anglais), Schlangenadler (allemand), Culebrera europea (espagnol), Biancone (italien).

- Classification
Animalia/Animal (Règne), Chordata/Cordés (Embranchement), Aves/Oiseaux (Classe), Accipitriformes (Ordre), Accipitridae/Accipitridés (Famille), Circaetus (Genre), gallicus (Espèce).
Gmelin, 1788 (Descripteur).

- Répartition
Le Circaète Jean-le-Blanc est présent sur le pourtour méditerranéen, à l'exclusion des îles, avec l'Espagne, la Turquie, la France, l'Italie, la Grèce, le Moyen-Orient et l'Afrique. Il est également présent en Asie centrale et dans des pays du nord et de l’est de l’Europe avec la Finlande, l'Estonie, la Pologne, l'Ukraine, la Russie et la Biélorussie. Des présences ponctuelles sont aussi notées en Roumanie, Hongrie, Slovaquie, Albanie et ex-Yougoslavie.

En France, le Circaète Jean-le-Blanc est présent de la fin mars jusqu’à la mi-août. Il se reproduit au sud d’une ligne formée par la Vendée, le Maine-et-Loire, le Loiret et le Doubs.

Le Circaète Jean-le-Blanc est un migrateur qui passe l’hiver dans la zone sahélienne, dans le sous-continent indien ou dans le sud-est de l'Asie.

- Habitat
Le Circaète Jean-le-Blanc vit dans les zones semi-désertiques, les sols couverts de broussailles alternant avec les pierrailles, les paysages de garrigue et de maquis. Mais il peut aussi vivre en moyenne montagne ou dans les milieux de bocage très ouvert, ceci dépendant de la richesse du milieu en serpents, ce qui demeure le paramètre essentiel qui conditionne sa présence. Les sites de reproduction sont le plus souvent des vallons présentant une grande quiétude et les terrains de chasse sont les zones ouvertes et riches en reptiles, comme les terrains rocailleux, les landes faiblement boisées, les clairières forestières, les garrigues et les maquis, les prairies à pâturage extensif, les friches, les jachères et les cultures.

Le Circaète Jean-le-Blanc niche sur des arbres de haute taille, sur des branches dégagées ou au sommet. Cette position le rend vulnérable aux intempéries mais son envergure l'empêche de s'établir dans un lieu plus protégé, comme une enfourchure de l'arbre. Le nid est relativement léger et petit, comparé à la taille du rapace, mois de 1m de diamètre pour une épaisseur de 20 à 30cm. Il est fait de rameaux de bois de l'épaisseur d'un crayon. L'intérieur de la coupe est tapissé de feuilles vertes ou d'aiguilles de pins. Ces petits nids sont presque invisibles du sol, cachés à une hauteur variant de 6 à 30 mètres.

Le territoire du Circaète Jean-le-Blanc ne couvre que quelques hectares autour du nid. Par contre, son domaine vital englobe plusieurs dizaines de km².

- Migration
Le Circaète Jean-le-Blanc est une espèce migratrice. La migration d'automne s'effectue via le Bosphore et Gibraltar dans toute la zone sahélienne. Les individus des populations orientales migrent généralement plus vers le sous-continent indien et, de temps en temps, au sud-est de l’Asie. Ces quartiers d’hiver sont occupés jusqu'au printemps et le retour vers les sites de nidification s'effectue via les mêmes itinéraires.

Lors de la migration, les Circaètes Jean-le-Blanc se déplacent seuls ou en petits groupes, mêlés à d'autres espèces de rapaces qui effectuent le même trajet.

- Morphologie
Le Circaète Jean-le-Blanc adulte a une longueur de 60 à 70cm pour une envergure de 1,6 à 1,9m et un poids de 1,2 à 2,5kg. Le dimorphisme sexuel est peu marqué. Cependant, la femelle est un peu plus grande et lourde que le mâle.

Le Circaète Jean-le-Blanc a le dessous du corps blanc, parsemé de taches ou de flammèches beiges à marron chocolat. L’extrémité de ses ailes est noire. Sa tête, sa gorge et sa poitrine sont gris ou d'un brun plus ou moins foncé. La coloration générale, le nombre et la taille des taches varient d’un individu à l’autre, mais restent fixes dans le temps. Certains individus peuvent ainsi présenter un plumage presque entièrement blanc en dessous, avec seulement quelques marques beiges sur la partie inférieure du plastron. Sur le dessus, le Circaète Jean-le-Blanc possède un plumage brun uniforme avec l'extrémité des ailes noire. Sa queue est barrée de 3 bandes sombres plus ou moins larges, et sa grosse tête, avec des yeux en position quasiment faciale, rappelle celle d'une chouette. Ses yeux sont jaune d'or à orangé et son bec est gris-bleu et bordé d'une cire grisâtre. Le Circaète Jean-le-Blanc a des pattes gris jaune, longues et couvertes d'écailles épaisses, ces dernières le protégeant des morsures graves des serpents qui sont ses proies privilégiées. Ses doigts sont courts, adaptés à la capture des reptiles.

Les juvéniles ressemblent aux adultes mais sont un peu plus pâles, avec la nuque plus blanche et la gorge et la poitrine brun-roux clair, et une étroite bordure pâle sur le bord des ailes et à l'extrémité de la queue. Les yeux sont jaunes pâles et se pigmentent au cours du temps pour prendre leur couleur d'adulte.

- Difficultés d'identification
Le Circaète Jean-le-Blanc peut être confondu avec les autres rapaces de formes claires et de taille voisine mais ceux-ci présentent une tache sombre au poignet. Il en va ainsi du Balbuzard pêcheur, de la Buse variable de forme claire et du juvénile d’Aigle de Bonelli de forme claire. Chez ce dernier, la tache sombre du poignet peut être absente mais le Circaète Jean-le-Blanc est le seul à avoir le bord des ailes pâle dessous.

- Vol
Le Circaète Jean-le-Blanc est capable d'effectuer le vol stationnaire appelé aussi vol du saint-esprit. Autrement, il a un vol puissant et planant, laissant fréquemment pendre ses pattes, et baissant la tête pour regarder au sol et chercher ses proies. Le rapace dégage une impression de nonchalance même en vol glissé avec son profil en forme de M majuscule. Il utilise à merveille les courants aériens pour se déplacer, sinon ses mouvements sont amples. Son envergure importante lui confère une silhouette massive en vol.

- Chants et cris
Le Circaète Jean-le-Blanc est plutôt silencieux en dehors de la période de reproduction. Parfois, lorsqu'il plane près du nid, il lance un cri semblable à celui d'une Buse variable, mais moins âpre et plus musical. Au contraire, son cri d'alarme est âpre et répété. Ses cris flutés sont réservés à la parade nuptiale.

Photo Valia Pavlou © - iNaturalist

- Régime alimentaire
Le Circaète Jean-le-Blanc a un régime alimentaire quasi-exclusif. Il se nourrit de reptiles et plus particulièrement de serpents, y compris venimeux contre lesquels il n'est pas immunisé. Même si toutes les espèces de serpents sont concernées, ses proies préférées sont les grandes couleuvres comme les Couleuvres à collier ou les Couleuvres d'Esculape. Ainsi 70 à 96% de son alimentation est constitué de serpents. Le reste de son alimentation concerne les lézards et, en faible quantité, les petits mammifères, les amphibiens, les oiseaux, les insectes et les vers. Une telle spécialisation est un phénomène assez rare chez les rapaces. Les serpents sont avalés entiers si bien que l'on peut voir la queue du reptile dépasser du bec alors que l'oiseau est déjà en train de digérer la tête.

La consommation d'un couple et de son jeune pendant leur présence en Europe est estimée à 700 à 800 serpents, avec un maximum cité à 1500. Et la ration quotidienne moyenne d'un adulte est d'environ 160g.

- Technique de chasse

Le Circaète Jean-le-Blanc adapte sa technique de chasse à la saison et aux conditions météorologiques. Par conditions de vol difficile, il chasse à l'affût, scrutant le sol de la cime d’un arbre ou du haut d'un rocher. En début de printemps, il exploite particulièrement les versants chauds, où les premiers reptiles font leurs premières sorties et les bords de plans d’eaux, où des amphibiens notamment se réunissent. Mais le Circaète Jean-le-Blanc pratique plus couramment le vol stationnaire. La tête parfaitement fixe, quelle que soit la force du vent, il scrute ses terrains de chasse jusqu'à repérer une proie sur laquelle il fond rapidement, en parachute. Plusieurs étapes peuvent être nécessaires au rapace pour ajuster la trajectoire. Une fois maitrisée, la proie est immédiatement ingérée et emportée dans le jabot, la queue des serpents dépassant souvent du bec. Ses serres courtes sont bien adaptées à ce type de proies, ainsi que les écailles épaisses au niveau des pattes, qui limitent les risques de morsures graves. Toutefois, le Circaète Jean-le-Blanc n'est pas immunisé contre le venin.

- Cycle de vie
La saison de reproduction, qui suit le retour de migration, voit revenir les mêmes couples aux mêmes endroits, les couples de Circaètes Jean-le-Blanc étant unis pour la vie. En principe, le même nid est reconstruit peu de temps après leur arrivée. Cependant, l'emplacement du nid change assez régulièrement. Dès l'arrivée, les sites de nidification sont occupés et défendus. Les vols nuptiaux sont discrets et ne présentent pas de particularités par rapport aux vols habituels. Les mâles planent comme d'habitude. Mais on peut quand même voir des séries de vols ondulants, avec des montées et des descentes répétées. En revanche, le mâle peut apporter des proies à la femelle qui prépare le nid, et il lui donne à manger, tandis qu'ils émettent ensemble de courts sifflements. Parades, accouplements et défense territoriale occupent le mois précédant la ponte.

Une fois la reproduction effectuée, la femelle dépose dans le nid un seul œuf de grande taille, blanc uni. En cas de destruction précoce de l'œuf, une ponte de remplacement est possible. L'incubation dure environ 45 jours, assurée essentiellement par la femelle qui est nourrie par le mâle. Celui-ci apporte ainsi des proies 1 à 2 fois par jour et reste à proximité du nid quand il ne chasse pas.

Après l'éclosion, la femelle reste au nid avec le jeune pendant 6 à 7 semaines, pour le protéger des intempéries. Elle le nourrit avec les proies que continue d'apporter le mâle, en déchirant de petits morceaux qu'elle lui donne au bec.

Après cette période de protection, la femelle part en chasse avec le mâle afin de l'aider dans l'apport de nourriture. Les deux adultes dorment alors dans un arbre voisin. Cependant, c'est toujours la femelle seule qui nourrit le jeune.

Vers 45 jours, le plumage du jeune est quasiment complet même si les plus grandes plumes des ailes et de la queue continuent leur croissance. A 2 mois, avec d'énormes efforts, il est capable d'avaler de grandes couleuvres.

Le jeune effectue son premier envol vers 70 à 80 jours. Puis il abandonne le nid 40 à 60 jours plus tard, ce qui coïncide avec le départ en migration. Pendant toute la période de nidification, la femelle apporte souvent des rameaux verts au nid.

A l'automne, le Circaète Jean-le-Blanc effectue sa migration pour rejoindre ses quartiers hivernaux où il reste jusqu'au printemps suivant. Il effectue alors le voyage retour et rejoint son site de nidification pour entamer sa saison de reproduction.

Étant un grand voilier diurne, le Circaète Jean-le-Blanc n'est pas très matinal car il s’active dès que les courants chauds lui permettent de prendre de la hauteur. La maturité sexuelle semble atteinte entre 3 et 5 ans, et le Circaète Jean-le-Blanc a une longévité maximale entre 17 et 20 ans.

Photo Mturkoglu © - iNaturalist

- Étymologie
Circaète vint du grec kirkos qui signifie faucon et du grec aetos qui signifie aigle. Le Circaète est ainsi le faucon-aigle ou l'aigle-faucon. Le nom Jean-le-Blanc est attesté en 1555 sous la forme Jan le Blanc. Utiliser un prénom humain, ici Jean, pour former le nom commun d'un oiseau est une des pratiques qui marquent la proximité de l'homme avec certains oiseaux. C'est ainsi que plusieurs oiseaux, dont le Circaète Jean-le-Blanc, ont des noms communs formés par des prénoms généralement utilisés pour l'être humain. Enfin, la dernière partie du nom, le Blanc, vient du fait que l'oiseau a généralement le ventre et le dessous des ailes blancs. Cette référence à la couleur se retrouve dans le nom italien de l'oiseau, Biancone.

La référence au serpent, qui est à la base du régime alimentaire du rapace, se reconnaît dans le nom anglais de l'oiseau, Snake eagle, et dans le nom allemand, Schlangenadler. En espagnol, cette référence s'appuie plus précisément sur la couleuvre, puisqu'il est nommé Culebrera europea, la couleuvre étant nommée culebra.

En anglais, le nom Short-toed que l'on trouve dans le nom complet de l'espèce, Short-toed snake eagle, fait référence aux doigts courts du rapace, adaptés à la capture des reptiles.

- Symbolique
Le régime alimentaire du Circaète, à base de serpents, a pu contribuer à l'image positive de l'aigle pour l'Église, qui a vu en lui le destructeur de cette émanation de Satan.

- Effectifs
En 2000, l’effectif en Europe, était estimé entre 4200 et 6000 couples avec les populations les plus importantes se trouvant en France, avec 2400 à 2900 couples, et en Espagne, avec 1700 à 2100 couples.

En 2001, la population mondiale était estimée entre 12000 et 26000 couples.

En 2004, la population en France était stable et estimée à nouveau entre 2400 et 2900 couples, comme en 2000.

En 2007, des déclins de la population sont signalés en Afrique de l'Ouest.

En 2019, il est noté une augmentation du nombre d'individus matures migrant le long de la côte orientale de la Mer Noire.

En 2020, il est noté que la population mondiale a historiquement subi des déclins marqués dans le nord et le centre de l'Europe, et il est soupçonné que ces déclins se poursuivent. Cependant, des expansions de l'aire de répartition sont relevées dans le sud et l'est de l'Europe. Il est alors estimé que la population européenne est en augmentation. Au cours de la même année, des déclins de la population sont relevés en Inde. Dans l'ensemble, la population mondiale est soupçonnée être stable avec une estimation de 58000 à 94000 individus.


STATUTS D'ÉVALUATION, DE PROTECTION ET DE MENACE

Circaète Jean-le-Blanc, Statuts (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Circaetus gallicus (IUCN Red List)
La liste rouge mondiale... (IUCN Comité Français)


SOURCES

Circaète Jean-le-Blanc (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Circaète Jean le Blanc (Parc National des Pyrénées)
Circaète Jean-le-Blanc (LPO Rapaces)
Circaète Jean-le-Blanc (Oiseaux.net)
La mystérieuse histoire du nom des oiseaux (Henriette Walter, Pierre Avenas / Robert Laffont)

Photo Christian Aussaguel © - LPO

Photo Christian Aussaguel © - LPO

Photo Mike Prince © - iNaturalist

Photo Donald Davesne © - iNaturalist

Photo Bferrero © - iNaturalist

Photo Naturpel © - iNaturalist



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