Donjon et châteaux de Bassoues

DONJON ET CHÂTEAUX DE BASSOUES
220m

16 mai 2022

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

INFOS

Donjon
Le donjon de Bassoues est situé à l'est et légèrement en bas du village. Daté de 1371 et bien conservé, c'est une tour quadrangulaire, de 43m de hauteur et de plus de 8m de côté, qui s'élève sur 4 étages. Chaque angle de l'édifice est marqué d’énormes contreforts, dont les deux du nord-est et du sud-est abritent les latrines, et sont couronnés par une ceinture de mâchicoulis. Une tourelle octogonale, qui s'appuie d'un côté au mur nord, de l'autre au contrefort nord-ouest, et se termine à la hauteur des mâchicoulis par une aiguille de pierre, contient un escalier à vis de 197 marches qui dessert les différents étages du donjon et permet d'accéder au sommet de la tour et à sa plate-forme. Les 4 étages qui composent le donjon sont marqués à l'extérieur par des cordons de pierre. Le rez-de-chaussée s'élève au-dessus d'un soubassement marqué par le premier cordon et rendu nécessaire par suite de la déclivité du sol.

Au premier étage, l'entrée du donjon permet d'accéder à une salle voûtée sur croisée d'ogives avec, à chaque retombée, une colonnette avec chapiteaux à feuillage. A la clef de voûte se trouve les armes d'Arnaud Aubert, de gueules au lion d'or bandé d'azur au chef cousu de gueules, chargé de trois coquilles d'argent. Aux murs est et ouest, sur deux couches d'enduit, sont peintes les armes de Jean Roger, successeur d'Arnaud Aubert, d'argent à la bande d'azur accompagné de six roses de gueules. Ce premier étage est éclairé par deux fenêtres, une grande aujourd'hui murée à l'ouest, et une petite encore ouverte à l'est. Une cheminée se trouve contre la paroi sud, des latrines sont situées dans les contreforts nord-est et sud-est, et des armoires et des éviers sont aménagés dans les murs. A côté de la porte d'entrée, mais plus près de l'angle sud-ouest, une porte assez étroite donne accès dans la tourelle octogonale et à l'escalier à vis qui dessert le rez-de-chaussée et les différents étages du donjon, ce qui non seulement dégage l'intérieur de l'édifice, mais rend la communication d'étage à étage plus difficile en cas d'attaque. C'était là surtout le but à atteindre. Selon Viollet-le-Duc, le système défensif, adopté du XIIe au XVIe siècle, prenait toutes les précautions pour arrêter l'ennemi et l'embarrasser à chaque pas. Ainsi, si le rez-de-chaussée d'une tour était pris, les étages supérieurs conservaient encore des moyens puissants de ce défense. Les escaliers qui donnaient accès aux divers étages des tours étaient facilement et rapidement barricadés, de manière à rendre extrêmement difficiles les efforts des assaillants pour monter d'un étage à un autre.

Le rez-de-chaussée voûté en berceau très légèrement brisé est éclairé par une fenêtre haute à l'ouest. Au centre se trouve un puits rond comblé de 0,75m de diamètre au-dessus duquel est suspendu, à la voûte, un croc de fer de forte dimension. Le puits servait certainement à approvisionner d'eau les habitants obligés à vivre dans le donjon en cas d'attaque et le croc de fer à suspendre dans un endroit frais et commode les quartiers de viande destinés à l'alimentation. Au bas de l'escalier à vis se trouve une porte, peut-être ouverte entre 1507 et 1540 et aujourd'hui bouchée, au-dessus de laquelle sont sculptées les armoiries du Cardinal de Clermont-Lodève, un fascé d'or et de gueules, au chef chargé de cinq hermines. Elle a été percée pour faire communiquer le donjon avec le rez-de-chaussée du château ancien, certainement à une époque où les précautions défensives paraissaient inutiles.

Le deuxième étage, voûté sur croisée d'ogives, est éclairé par 3 fenêtres, une grande à l'ouest, une petite à l'est et une petite au nord. Une vaste cheminée se trouve contre la paroi sud, des latrines sont situées dans les contreforts nord-est et sud-est, et des armoires et des éviers sont aménagés dans les murs. Au-dessus de la cheminée se trouve deux écus aux armes d'Arnaud Aubert et, à la clef de voûte, le portrait d'un évêque, peut-être celui d'Arnaud Aubert.

Le troisième étage est éclairé par 4 fenêtres, une grande à l'ouest, et trois petites, à l'est, au nord et au sud. Une cheminée se trouve contre la paroi sud, des latrines sont situées dans les contreforts nord-est et sud-est, et des armoires et des éviers sont aménagés dans les murs. Le troisième et le quatrième étage sont séparés par un plancher en bois aux poutres visibles.

Le quatrième étage est éclairé par 4 fenêtres, une grande à l'ouest, et trois petites, à l'est, au nord et au sud. Une cheminée se trouve contre la paroi sud et des latrines sont situées dans le contrefort sud-est.

Aux quatre angles de la plateforme se trouvent quatre échauguettes rondes de 2,40m de haut et surmontées de leurs corniches. Une porte y donne accès du chemin de ronde, une seconde, en face de la première, conduit sur une galerie extérieure au-dessus des contreforts. Des consoles de mâchicoulis, réunies par des arcades ogivales trilobées, supportent un parapet dont les pierres sont réunies par des barres de fer scellées. Si des créneaux ont existé, ils ont aujourd'hui disparu. Extérieurement le parapet présente certaines aspérités carrées et symétriques, indépendantes, qui ont sans doute servi à boucher les trous des échafaudages, à moins qu'elles n'aient servis d'ornementation. La pente de la plateforme est disposée de telle façon que les eaux s'écoulent par deux gargouilles en forme de lions accroupis, appuyées l'une au contrefort sud-est et l'autre au contrefort nord-est. La première était, en 1902, dans un état de conservation suffisant, la tête seule ayant disparu, tandis que l'autre était déjà, à la même période, détruite et ne se devinait que par son amorce. Au centre de la plateforme se trouve une tourelle octogonale garnie d'une corniche et surmontée d'un toit moderne en tuile à canal. Cette tourelle fait 3m de haut environ pour 3,30m de côté, ses murs ayant environ 0,60m d'épaisseur. Séparée par un plancher de bois de l'étage inférieur, on pénètre dans la tourelle par une porte située au sud. Une porte permet d'accéder à l'escalier à vis qui dessert les différents étages du donjon.

Château ancien de Aubert
Du château ancien, dont la structure principale fut construite entre 1368 et 1371 et qui était autrefois formé de logis groupés autour d'une cour centrale et d'un puits, il ne reste que quelques vestiges.

Au sud-ouest se dresse une tourelle d'escalier sur angle, probablement construite à une date postérieure à l'édification primitive du château, et, au sud, se trouve un grand mur de pierre appareillée, probablement daté de la construction primitive du château et correspondant à un rez-de-chaussée, un entresol et un étage des logis. Dans ce mur sud se trouve l'ancien portail d'entrée du château, édifié entre 1368 et 1371 et peut-être remanié entre 1425 et 1453, large de 3m et voûté en tiers-point. De chaque côté de ce portail, quatre colonnettes supportent les archivoltes correspondantes. A droite et à gauche se trouvent les restes d'un banc de pierre engagé dans l'appareil. A droite du portail, au niveau du premier étage, se trouvent deux écussons, l'un aux armes d'Arnaud Aubert, de gueules au lion d'or bandé d'azur au chef cousu de gueules, chargé de trois coquilles d'argent, l'autre aux armes de son successeur Jean Roger, d'argent à la bande d'azur accompagné de six roses de gueules. Au-dessus du portail, dans une petite niche, se trouve un écusson effacé aux armes de Philippe de Lévis, d'or à trois chevrons de sable, au lambel de gueules. Des portes en accolade, caractéristiques du XVe siècle, mènent à la tourelle d'escalier sur angle du sud-ouest du château, au rez-de-chaussée et à l'étage et sont à peu près semblables. Dans cette tourelle, à l'étage, une cheminée est appuyée au mur ouest, avec un nouvel exemplaire de l'écusson de Philippe de Lévis. Cette partie de la tourelle a donc été certainement édifiée ou remaniée dans le second quart du XVe siècle. Cette tourelle est aussi extérieurement semblable à celles du château récent de Lamothe-Houdencourt daté du XVIIe siècle, ce qui peut laisser penser que ce dernier a pu la faire restaurer en même temps qu'il a fait édifier son château. Toujours du côté sud de l'ancien château, se trouve un mur, daté de 1814, soutenant un avancement en colombage.

Au nord se trouve les ruines d'un mur, daté de 1371 et autrefois intégré au mur d'enceinte de la bastide.

A l'ouest, du côté de la ruelle, se trouvent sur le mur les traces de trois saillies de grandeur inégale qui contenaient des latrines et leurs conduits, peut-être datées de 1371.

A l'est, derrière le donjon, existe un mur, daté de 1371 et également autrefois intégré au mur d'enceinte de la bastide. Il est percé de trois baies à meneaux avec bancs, datées entre 1425 et 1453, probablement remaniées ou achevées entre 1483 et 1490, et rebouchées grossièrement avec du moellon au XVIIe siècle. Au-dessus de la première fenêtre, sont sculptées les armoiries du Cardinal de Savoie, de gueules à la croix pleine d'argent. Ce mur est de l'ancien château forme actuellement le mur ouest du château récent, édifié au XVIIe siècle, et est surmonté de deux tourelles, datée probablement du XVe siècle, l'une à l'angle sud-est du château près de l'escalier actuel du donjon, l'autre plus au centre du mur et aujourd'hui cachée dans la maçonnerie du château récent.

Donjon et château ancien (Gallica/BNF - Schéma modifié)

- Légende
C : Conduits (XIVe siècle) des latrines
E : Portail d'entrée (XIVe siècle, peut-être remanié au XVe siècle)
F : Baies à meneaux avec bancs (XVe siècle)
L : Bâtiments de logis
M : Tour Mamelart
P1 : Puits (XIVe siècle) central du château
P2 : Puits (XIVe siècle) du rez-de-chaussée du donjon
T1 : Tourelle (XVe siècle)
T2 : Tourelle (XVe siècle)
T3 : Tourelle d'angle (peut-être XVe siècle, peut-être remaniée au XVIIe siècle)
S : Saillie (XIVe siècle) des latrines
V : Tourelle octogonale avec escalier à vis du donjon (XIVe siècle)

Château récent de Lamothe-Houdencourt
Le château récent, daté du XVIIe siècle, est un bâtiment privé et non visitable qui s'élève sur un étage, se compose d'un rectangle divisé par trois murs et percé à l'est de six fenêtres à meneaux en pierre.

L'édifice est orné à ses angles sud-est et nord-est, de deux tourelles rondes coiffées d'un toit en poivrière et supportées par deux massifs contreforts quadrangulaires. Il s'appuie, à l'ouest, sur un mur, daté du XIVe siècle, appartenant à l'ancien château et dont les fenêtres furent rebouchées grossièrement avec du moellon lors de la construction du nouvel édifice.

Sur la façade sud se trouvent les armes du Cardinal de Savoie, de gueules à la croix pleine d'argent, probablement suite à la présence d'une pierre sculptée réemployée par les maçons du XVIIe siècle.

Disposition actuelle (Gallica/BNF - Schéma modifié)

- Légende
C : Conduits (XIVe siècle) des latrines
E : Portail d'entrée (XIVe siècle, peut-être remanié au XVe siècle) du château ancien
F : Baies à meneaux avec bancs (XVe siècle, rebouchées au XVIIe siècle)
P1 : Puits (XIVe siècle) central du château ancien
P2 : Puits (XIVe siècle) comblé du rez-de-chaussée du donjon
T1 : Tourelle (XVe siècle)
T2 : Tourelle (XVe siècle)
T3 : Tourelle d'angle (peut-être XVe siècle, peut-être remaniée au XVIIe siècle)
S : Saillie (XIVe siècle) des latrines
V : Tourelle octogonale avec escalier à vis du donjon (XIVe siècle)


HISTOIRE

1300 à 1400
Avant 1368, mais à une date inconnue, un vieux château, hospicium antiquum, est édifié (VB, BSG).

Entre 1368 et 1371, un donjon et un château sont édifiés à la demande du Cardinal Arnaud Aubert, neveu et camérier du pape Innocent VI, dans le but de protéger la bastide de Bassoues. Le donjon, quadrangulaire, de 43m de hauteur et de plus de 8m de côté, possède une entrée au premier étage et chaque angle est marqué d’énormes contreforts, dont deux abritent les latrines, et sont couronnés par une ceinture de mâchicoulis (VB, BSG). La plateforme du donjon, couvert d'un toit en tuiles, dispose, à ses quatre angles, de quatre échauguettes rondes, d'un pignon principal, sans doute une tourelle octogonale, et de deux gargouilles en forme de lions accroupis, appuyées l'une au contrefort sud-est et l'autre au contrefort nord-est (BSG). Le château, qui occupe à l'ouest et au nord du donjon un rectangle d'environ 45m de longueur sur 30m de largeur, qui englobe dans ses constructions l'ancien hospicium antiquum, et dont l'entrée principal s'ouvre sur le mur sud, est formé de logis groupés autour d'une cour centrale et d'un puits (VB, BSG). Le mur sud du château est percé, au niveau du deuxième étage des logis qui en comptent peut-être trois à cet endroit, de quelques fenêtres à meneaux analogues à celles du donjon. Toujours côté sud, il est possible, mais sans aucune certitude, que des piliers de bois soutiennent un avancement en colombage. Contre le mur de l'ouest, du côté extérieur du château, se trouvent peut-être trois saillies de grandeur inégale et contenant des latrines et leurs conduits (BSG). Le mur est et le mur nord font partie de l'enceinte fortifiée du village (VB, BSG). Cette enceinte fortifiée se poursuit à partir du côté sud du donjon en s'appuyant sur celui-ci (BSG). Une tour carrée de 6,40m de côté, appelée plus tard la tour Mamelart, se dresse au nord-est de l'édifice (VB, BSG). Des tuiles appelées violeta, sans doute à cause de leur couleur, sont utilisées pour le pavement des chambres qui sont aménagées dans cette tour et pour le pavement de la flèche qui la surmonte (BSG).

1400 à 1500
Entre 1425 et 1453, Philippe de Lévis, archevêque d'Auch, fait ouvrir, dans le mur de l'est, quatre fenêtres, à arc surbaissé et à bancs de pierre, qui éclairent le premier étage des logis. Il fait peut-être aussi remanier la partie sud-ouest du château, avec le portail d'entrée du château et la tourelle d'angle, et fait peut-être construire deux tourelles, l'une à l'angle sud-est du château près du donjon, l'autre plus près de la petite tour (BSG).

Entre 1483 et 1490, le Cardinal de Savoie achève probablement les travaux effectués à la demande de Philippe de Lévis sur la partie est du château, avec notamment les fenêtres du mur est (BSG).

1500 à 1600
Peut-être entre 1507 et 1540, une porte est percée au bas de l'escalier à vis du donjon pour le faire communiquer avec le rez-de-chaussée du château. Au-dessus de la porte sont sculptées les armoiries du Cardinal de Clermont-Lodève (BSG).

1600 à 1700
Au XVIIe siècle, le château est en ruines et seuls le donjon, la tour Mamelart et les murs extérieurs restent bien conservés. A la demande de l'archevêque Lamothe-Houdencourt, un nouveau château est édifié. Les fenêtres du mur est de l'ancien château sont bouchées grossièrement avec du moellon et le nouvel édifice est construit contre ce mur, entre le donjon, au sud-ouest, et la tour Mamelart, au nord-ouest (VB, BSG). Ce nouveau bâtiment, qui s'élève sur un étage (VB), se compose d'un rectangle divisé par trois murs (BSG) et percé à l'est de six fenêtres à meneaux en pierre. L'édifice est orné à ses angles sud-est et nord-est, de deux tourelles rondes coiffées d'un toit en poivrière et supportées par deux massifs contreforts quadrangulaires (VB, BSG). Une pierre sculptée avec les armes du Cardinal de Savoie et provenant de l'ancien château est certainement réemployée et installée sur la façade sud de l'édifice (BSG).

1700 à 1800
Au XVIIIe siècle, la tourelle octogonale située au centre de la plateforme du donjon est certainement surmontée par une girouette de fer de 2,70m à 3,15m de haut. Elle est peut-être ensuite démolie, à une date inconnue, suite à sa destruction presque totale par la foudre (BSG).

Au milieu du XVIIIe siècle, la tour Mamelart est encore bien conservée (BSG).

En 1793, la tour Mamelart est démolie (BSG).

1800 à 1900
En 1814, des piliers de bois, qui soutiennent du côté sud de l'ancien château un avancement en colombage, sont remplacés par un mur (BSG).

En 1840, le donjon est classé aux Monuments historiques (BM).

1900 à 2000
En 1944, les vestiges du château sont inscrits aux Monuments historiques (BM).


TOPONYMIE

Le donjon était autrefois appelé la Masse en raison de son architecture massive ou encore la Tour du Bach qui signifie tour du bas en raison de sa position légèrement en bas du village (VB, BSG).

Bassoues est le nom du village où se situe le château.

La toponymie de Bassoues m'est inconnue.


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Donjon et châteaux de Bassoues (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant au Donjon et aux Châteaux de Bassoues.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Lac de Saint-Laurent, Bassoues, Basilique Saint-Fris, Lac de Saint-Fris 14,5 250 250 17,24 T1 Autorisé


SOURCES

BSG : Le château et les deux tours de Bassoues d'après les comptes de construction inédits (1370-1371). 1902 (Ch. Samaran, A. Branet / Bulletin de la Société archéologique du Gers / Gallica BNF)
VB : Le donjon. Le château (Village de Bassoues / Site internet)
BM : Ancien château (Base Mérimée)


PHOTOS

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