Eglise Saint-Jacques-le-Majeur de Béost

ÉGLISE SAINT-JACQUES-LE-MAJEUR DE BÉOST
520m

21 mars 2022

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

INFOS

Église
L'Église Saint-Jacques-le-Majeur est située à proximité du Château de Béost, autrefois ancienne abbaye laïque, et séparée de ce dernier par une étroite ruelle. La construction primitive de l'édifice, datée de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, est repérable à l'extérieur par la présence de pierres appareillées, tandis que la surélévation est en moellons ordinaires. Les murs de l'abside et quelques murailles de la façade nord, côté torrent du Canceigt, datent de cette époque, fin du XIIe ou début du XIIIe siècle. Les matériaux employés pour bâtir et décorer ont été pris dans des sites les plus proches possibles du chantier. Pour l'abside, des blocs de marbre clair plus ou moins veinés, légèrement beiges sur 5m environ de hauteur, ont été utilisé. Plus haut, la construction est faite d'un assemblage de galets et de tout-venant (BVA).

Tour du clocher
A droite de la façade sud et du portail d'entrée se dresse la tour carrée du clocher, non datée mais remaniée au cours des XIXe et XXe siècles. Elle s'élève sur trois étages de fenêtres dont un oculus, une fenêtre à meneaux avec bandeaux moulurés et une petite fenêtre géminée, et abrite des cloches, antérieures au XVIe siècle et peut-être datées de la fin du XVe siècle (BVA).

Portail
Sur la face sud de l'église se trouve le portail d'entrée édifié en marbre blanc et daté du XVe ou du XVIe siècle. Le tympan se compose d'une double rangée d'archivoltes, séparées par une gorge profonde reposant sur des colonnes de marbre de Louvie-Soubiron. En partie haute se trouvent des modillons aux têtes monumentales, de marbre blanc, datés de la fin du XIIe siècle ou début du XIIIe siècle, mais placés alors sur l'abside puis déplacés à leur place actuelle probablement au cours du XVe ou du XVIe siècle. Entre le portail et les modillons se trouve une niche dans laquelle est sculpté Dieu le Père dans un geste de bénédiction. Au-dessous de la niche, sur les voussures, se trouve le Christ entouré du collège des apôtres et encadrés par des anges musiciens. Ces sculptures sont datées du XVe siècle ou du XVIe siècle (BVA).

Quatre marches en dalles schisteuses, non datées mais probablement du XVe ou XVIe siècle, permettent d'accéder à l'intérieur de l'édifice (BVA).

Petite porte
Une petite porte se situe à gauche de la façade sud et du portail d'entrée. Certains pensent qu'elle était celle qu'utilisaient les cagots. Cependant, il n'est pas sûr qu'il y ait eu des cagots à Béost et, si il y en a eu, il n'est pas sûr qu'ils y étaient à l'époque (BVA)

Intérieur de l'église
Au départ de la nef, le pilier de gauche est orné d'une vache, d'un ours et d'un lion. La vache et l'ours sont emblématiques de l'Ossau tandis que le lion est symbole du Christ. Un autre pilier comporte une frise de feuilles de chênes qui rappelle celle de la cheminée de l'abbaye laïque voisine. En fond de nef se trouve une tribune de bois pour accueillir les hommes à l'étage. Au sol des plaques de schiste bleu-noir alternent avec des plaques de marbre blanc (BVA).

Tout le côté sud est un agrandissement de la nef daté du XVe ou du XVIe siècle. Située sous la tour du clocher, la chapelle, ainsi datée du XVe ou du XVIe siècle, est dédiée à la Vierge Marie. Une vasque servant de bénitier, datée du XVe siècle et taillée dans du marbre gris veiné de Louvie-Soubiron, est située à côté du portail. Une grande dalle noire portant une longue inscription, près du portail d'entrée, est la sépulture de Raymond Espalungue, seigneur de Casaux de Louvie-Juzon et abbé laïque de Béost, décédé en 1698 (BVA).

Côté nord, la chapelle, également datée du XVe ou du XVIe siècle mais dont les effondrements successifs du sol ont obligé à réduire sa profondeur initiale, est dédiée à Sainte Catherine. A proximité se trouve une Pièta de marbre blanc, datée du XVe siècle et trônant au-dessus d'une vasque, datée aussi du XVe siècle, servant de cuve baptismale et taillée dans du marbre gris veiné de Louvie-Soubiron. Dans le mur, également côté nord, se trouve une porte permettant d'accéder à la voûte et à la charpente, par l'extérieur. Il est possible qu'elle ait été utilisée par les fossoyeurs pour venir prendre le corps du défunt et le mettre ensuite en terre au cimetière (BVA).

Dans l'abside se trouve le retable du maître-autel, daté du XVIIIe siècle et peut-être réalisé par un artiste aragonais. Il fut restauré en 2000. Tout le fond de l'abside est couvert par du bois peint et doré, un décor daté du XVIIIe siècle (BVA).

Les vitraux de l'église sont datés de 1649 et furent restaurés en 1969. Au-dessus de la voûte de l'église, sous la charpente, sont conservés deux grandes caisses d'ossements humains découverts en 1968. Il pourrait s'agir de corps de pèlerins, décédés peut-être lors de la dernière grande peste de 1652. Ils auraient fait étape à Béost, seraient restés enfermés à cause de la contagion et seraient morts sur place. Leurs corps auraient alors été placés en terre sainte. Cependant, cela ne peut être certain car il existe notamment une tradition consistant à conserver les ossements de défunts éparpillés lors de translation de cimetière, et à les placer au-dessus de la voûte de l'église sous la charpente. Les ossements pourraient alors être ceux d'habitants de Béost (BVA).


HISTOIRE

1100 à 1300
A la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, une église est édifiée (BVA, GPR, BM). Elle dispose d'un voûtement en bois et d'une abside semi-circulaire orientée à l'est, bâtie avec des blocs de marbre clair plus ou moins veinés et légèrement beiges (BVA). L'église est alors probablement accolée à l'ancienne abbaye laïque, actuellement nommée Château de Béost (BVA, BM).

1400 à 1600
Au cours du XVe siècle, une Pietà de marbre blanc est sculptée, et deux vasques sont taillées dans le marbre gris veiné de Louvie-Soubiron (BVA).

Au cours du XVe siècle et du XVIe siècle, l'église subit d'importants réaménagements et des restaurations. Elle est agrandie de deux chapelles, l'une au nord et l'autre au sud, et d'un bas-côté au sud. Le tout est voûté en croisée d'ogives, soutenu par de gros piliers carrés, remplaçant l'ancien voûtement de bois. Ne voulant pas toucher à la charpente, le départ de la voûte gothique de pierre est abaissée. Une sacristie est accolée sur le côté sud-est. Le portail d'entrée est édifié et tout le travail de sculpture pour le décorer, avec les archivoltes, les voussures et la niche, est effectué. Les sculptures ainsi réalisées sont également peintes. Il est probable que ce soit aussi dans cette même période que les modillons romans en marbre blanc de l'ancienne abside sont replacés en partie haute au-dessus du portail (BVA).

Vers 1550, les délégués de la paroisse viennent trouver le curé Raymond Dabbadie pour lui faire part de leurs difficultés financières dues aux travaux de restaurations de l'église. Le curé donne alors le tiers de son bénéfice crurial (BVA).

1600 à 1700
En 1649, Monseigneur de Gassion fait mettre des vitraux dans les fenêtres qui éclairent l'église (BVA).

En 1698, Raymond Espalungue, seigneur de Casaux de Louvie-Juzon et abbayes dudit Loubie, Béost et Bagès, décède. Il est probablement enterré la même année dans une sépulture près du portail d'entrée de l'église et une grande dalle noire sur laquelle est inscrite une longue épitaphe est scellée au-dessus (BVA).

1700 à 1800
Au cours du XVIIIe siècle, le retable du maître-autel est réalisé, peut-être par un artiste aragonais, et tout le fond de l'abside est recouvert par du bois peint et doré (BVA).

En 1741, J.-P. Calin arrive à la cure, c'est-à-dire la fonction à laquelle sont attachées la direction et l'administration spirituelle de la paroisse. Par la suite, il fait embellir la chapelle nord par Abbadie-Bradine, un sculpteur réputé d'Iseste (BVA).

A la fin du XVIIIe siècle, au cours de la Révolution, la petite cloche de l'église est cachée et mise à l'abri dans la maison d'un villageois pour éviter qu'elle ne soit réquisitionnée pour la fonte, et les femmes du village bloquent l'accès intérieur de l'église avec des sacs de sable. Les révolutionnaires, sous la conduite de Clément Desmé de Laruns, cernent le presbytère, détruisent les symboles religieux et royaux et abîment quatre personnages sur les voussures du portail. L'un des profanateurs, attaquant une sculpture, reçoit un éclat de pierre et perd un œil. Le curé, refusant d'abjurer, doit se cacher (BVA).

1800 à 1900
En 1805, le curé qui avait refusé d'abjurer au cours de la Révolution et avait repris par la suite sa cure, fait ériger deux crois monumentales près de l'église et sur la place publique afin de rappeler la fin des hostilités (BVA).

Au XIXe siècle, un auvent, avec lambrequins et moulures, est placé au-dessus du portail d'entrée de l'église (BVA).

Au cours du XIXe siècle, la tour carrée du clocher est remaniée (BVA).

1900 à 2008
Au cours du XXe siècle, la tour carrée du clocher est remaniée (BVA).

Tout au long du XXe siècle, la toiture, le porche et la place de l'esplanade font l'objet de remaniements successifs (BVA).

En 1937, la falaise étant très friable, des travaux sont effectués pour consolider l'éperon rocheux sur lequel sont édifiés l'abbaye laïque et l'église (BVA).

En 1956, de nouveaux travaux sont effectués pour consolider l'éperon rocheux (BVA).

En 1968, l'église est restaurée. Les fondations, des éléments de support et des éléments de la voûte sont renforcés, le portail et des enduits sont dégagés. Le auvent, installé en XIXe siècle au-dessus du portail d'entrée de l'église, est supprimé (BVA). Un ossuaire d'une trentaine de squelettes humains est découvert dans les combles du clocher (BVA, GPR).

En 1969, les vitraux de l'église, très endommagés, sont restaurés (BVA).

En 2000, le retable du maître-autel est restauré par les ateliers régionaux Dufon (BVA).

Entre 2000 et 2004, de nouveaux travaux sont effectués pour consolider l'éperon rocheux sur lequel reposent l'abbaye laïque et l'église (BVA).

En 2008, l'église est inscrite aux Monuments historiques (BM).


TOPONYMIE

L'église est dédiée à Saint-Jacques-le-Majeur, l'un des douze apôtres de Jésus-Christ. Béost est le nom du village où se situe l'église.

Béost est un toponyme attesté dès 1328 dans un traité entre la Vallée d'Ossau et le Val de Tena. Une possibilité serait que Béost vienne du composé bi-oust, bi-ostau qui signifie deux-maisons. Cette signification pourrait correspondre à la coexistence, dans le bourg majeur du village, d'une abbaye laïque et d'une maison forte. Une autre possibilité serait que Béost soit d'origine basque et aurait pour signification lieu qui est en bas et en arrière (BVA).


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Église Saint-Jacques-le-Majeur de Béost (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'Église Saint-Jacques-le-Majeur de Béost.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Mont Lazive, Montagne Verte 15 950 1445 63,33 T2 Autorisé


SOURCES

BVA : Béost, un village au pied de l'Aubisque. 2020 (Association Pierrine Gaston-Sacaze)
GPR : Guide des Pyrénées romanes. 2011 (Julie Vivier, Sylvain Lapique / Editions Privat)
BM : Eglise Saint-Jacques le Majeur (Base Mérimée)


PHOTOS

Portail d'entrée, archivoltes, voussures, niche, modillons (21/03/2022)

Ruelle séparant le château et l'église (21/03/2022)

Tour du clocher, abside, sacristie (21/03/2022)

Tour du clocher, abside (21/03/2022)

Intérieur de l'église (21/03/2022)

Intérieur de l'église : Pièta et cuve baptismale (21/03/2022)

Intérieur de l'église : chapelle sud, bénitier, portail (21/03/2022)

Intérieur de l'église : petite porte, escalier de la tribune (21/03/2022)



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