Abbaye de Saint-Orens

ABBAYE DE SAINT-ORENS
900m

Abbatiale, vers l'ouest

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

INFOS

Communauté bénédictine puis affiliée à l'ordre de Cluny, l'Abbaye de Saint-Orens, possède des fondations datant probablement du IXe siècle. Il ne reste aujourd'hui du monument que des ruines au milieu d'une végétation abondante.

Situé sur un replat rocheux à mi-hauteur d'un mont qui ferme le vallon, le monument présente une disposition assez originale dictée par la nécessité de s'adapter au site et par les besoins de la communauté monastique. Le terrain abbatial, grossièrement triangulaire, est délimité au sud et au sud-ouest par le ravin de l'Isaby et au nord par le chemin d'accès au Lac d'Isaby, sentier qui le sépare d'un pré traditionnellement appelé jardin des moines.

Le terrain est accidenté et s'organise en plusieurs terrasses irrégulières qui ont été aménagées. A l'ouest et en contrebas se trouvait le cimetière. Au nord-ouest se trouvent des vestiges correspondant probablement à une porterie, des XIIe et XIIIe siècles. Plus haut, se dresse les ruines de l'abbatiale, datée des XIe et XIIe siècles, construite en bordure du ravin et sur l'emplacement d'un édifice préroman, probablement une église primaire, dont il ne reste que des fondations de murs. Au nord-est, se trouvait le cloître, aujourd'hui détruit et sans doute bordé au nord par le réfectoire, ces 2 constructions datées des XIIe et XIIIe siècles. Des anciens bâtiments situés à l'est de l'église, on ne connaît qu'un petit ensemble de la deuxième moitié du XVIIe siècle, à l'angle sud-est du site et en bordure du ravin, comprenant une chapelle sans doute funéraire encadrée par un réduit qui devait lui servir de sacristie, et une fontaine branchée sur un canal de dérivation de l'Isaby, canal qui alimentait en eau le monastère. Au nord de ce terrain se trouvent les ruines de 2 granges construites avec les pierres du monastère, au XVIIIe siècle.

Plan chronologique - D'après Archive inédite... (Laure Latanne-Bey)

L'abbatiale
L'abbatiale, aujourd'hui aux trois quarts ruinée et partiellement restaurée en plusieurs étapes depuis 1973, a été édifiée selon un plan en croix latine regroupant une nef unique et courte, un transept large et saillant et un chevet composé de trois absides parallèles, tangentes et assez peu profondes. De dimensions modestes, sa composition ramassée s'adapte bien au site tout en étant très fonctionnelle. Le transept, véritable vaisseau transversal, permettait un large dégagement devant le chevet pour les besoins de la communauté monastique tandis que la nef, unique et courte, pouvait accueillir les quelques fidèles des villages voisins. Ce plan ordonne un espace interne simple, aux proportions équilibrées, donnant à un édifice assez modeste un caractère monumental. Le chevet est voûté en plein cintre, mais la croisée du transept était surmontée d'une curieuse voûte pyramidale à l'intérieur, englobée sous un toit de pierre à deux pans couvrant la totalité du transept. Ce mode de couvrement, très rare, voire unique, paraît cependant le fruit d'une restauration.

L'abbatiale, construite avec des matériaux locaux (schiste, calcaire, brèche) utilisés chacun en fonction de leurs aptitudes, est en grande partie du XIe et XIIe siècles, mais semble réutiliser, au moins en fondation et en partie basse, les vestiges d'un édifice préroman, plus petit. L'architecture, la structure et les volumes semblent privilégiés aux dépens d'une sculpture qui apparaît rare ou rudimentaire (billettes, oves). On note cependant l'utilisation, exceptionnelle dans cette partie reculée des Pyrénées, d'un seul élément de décoration du premier art roman méridional, c'est à dire des dents d'engrenage au chevet. Les quelques vestiges sculpturaux d'une qualité moyenne semblent dater principalement du XIIIe siècle et provenir du cloître (bases doubles, fragments de chapiteaux, chapiteau quintuple et vasque de cloître).


HISTOIRE

800 à 1100
Le monastère de Saint-Orens est probablement fondé au cours du IXe siècle, sur l'emplacement légendaire de l'ermitage de Saint-Orens, évêque d'Auch, et certainement sur l'emplacement d'une première église antérieure au IXe siècle.

Entre le IXe et le XIe siècle, les comtes de Bigorre et les vicomtes de Lavedan stipulent des chartes de donation et d'affranchissement dans lesquelles est évoqué le monastère de Saint-Orens. La première charte connue, datée aux environs de 900, est une donation de Faquile, comtesse de Bigorre. Celle-ci fait don au monastère d'un champ, de bois, de vignes, d'animaux, de vases, de livres et d'ornements.

Au Xe siècle, les droits et possessions du monastère de Saint-Orens se concentrent en Davantaygue, un secteur situé en rive droite du Gave de Pau, ente les actuels villages de Boo-Silhen et de Villelongue et sur les versants en arrière du monastère. Les moines perçoivent peut-être déjà dès cette époque des droits de pêche sur le Lac d'Isaby voire même la possession de ce lac, mais la date de ces droits est inconnue. Quelques biens autour de l'actuel village de Sers, en Vallée de Barèges, donnent également au monastère le contrôle de la voie conduisant au port de Gavarnie et, de là, vers l'Ebre et vers l'actuelle Saragosse.

1100 à 1300
Dans la deuxième moitié du XIe siècle, vers 1064, le monastère de Saint-Orens, alors bénédictin, est rattaché à l'ordre de Cluny par l'intermédiaire du prieuré de Saint-Orens d'Auch.

Entre le XIe et le XIIIe siècle, le monastère de Saint-Orens, devenu prieuré, connaît une relative prospérité. L'église abbatiale, le cloître et ses parties attenantes, ainsi que les cellules de moine et le réfectoire sont construits durant cette période, Mais, modeste et isolé, ne comptant que 6 places monacales, il est très vite concurrencé par l'Abbaye de Saint-Savin, toute proche et mieux située. Le XIIIe siècle marque ainsi le début du déclin du prieuré de Saint-Orens.

1500 à 1600
A la suite du Concordat de 1515, le prieuré de Saint-Orens est mis en commende, ce qui signifie que le prieur n'est plus tenu de vivre sur place. Il ne fait plus que récupérer les bénéfices. Les bâtiments ne sont plus entretenus et tombent en ruine.

En 1660, un tremblement de terre affecte partiellement la zone où se situe le prieuré de Saint-Orens, ce qui ébranle certainement les bâtiments du monument.

1600 à 1700
A la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle, le prieuré de Saint-Orens connaît un bref redressement. Des travaux importants de construction et de restauration sont entrepris. Les bâtiments et l'église sont remaniés.

1700 à 1900
En 1756, les enterrements dans le prieuré des habitants des villages avoisinants d'Ortiac, de Villelongue, d'Artalens et de Saint-Andreilh cessent. Jusque-là, ces habitants étaient tenus d’avoir leur sépulture dans le monument.

Au cours du XIIIe siècle, mais après 1761 et avant la Révolution, les 3 derniers moines présent dans le prieuré n'ont plus les moyens de l'entretenir et décident de l'abandonner.

En 1786, l'église abbatiale est déconsacrée et le mobilier et les objets précieux sont descendus à l'église de Villelongue.

Suite à la Révolution, les biens du Clergé sont nationalisés le 2 novembre 1789 et mis en vente le 19 décembre 1789. La procédure des ventes est mise en place fin juin 1790 et le démarrage général des ventes a lieu rapidement, entre décembre 1790 et février 1791. Le prieuré est ainsi vendu comme bien national en 2 lots distincts et partagé entre 2 propriétaires.

Au XVIIIe siècle, une grange est construite sur chacun des 2 lots. Le prieuré sert alors de carrière pour la construction de ces 2 granges.

1900 à 2000
Vers 1913, les voûtes de l'église s'écroulent.

En 1973, le monument sort de l'oubli. Le 1er Régiment de Hussards Parachutistes de Tarbes déblaie les ruines et dégage l'abbatiale et ses alentours, encombrés par les effondrements de la voûte du transept et par la végétation. C'est plus de 1200 mètre cubes de terre et de déblais qui sont ainsi retirés. Ceci permet l'étude des ruines du monument et ouvre une campagne de fouilles archéologiques d'une dizaine d'années, sous la conduite de Jean-Michel Launay, Bernard et Nelly Pousthomis, Jean-Pierre Bove, Dominique Bruneau et Frédéric Vidaillet.

Entre 1973 et 1974, suite au déblaiement des ruines, le 1er Régiment de Hussards Parachutistes de Tarbes effectuent des travaux de restauration de l'abbatiale. La porte latérale de la nef, côté sud, est restaurée, le mur-campanile, à l'ouest, est consolidé, tout comme l'abside centrale, dont les 3 fenêtres sont également refaites. En parallèle, la Société d'Études des Sept Vallées est fondée en 1974 afin d'effectuer une action de sauvetage du monument.

En 1979, le chevet est restauré, suivi quelques années plus tard, par l’achat d’une partie du monument par la Société d'Études des Sept Vallées.

En 1980, l'abside principale est mise hors d'eau.

En 1983, une partie des bâtiments est classée aux Monuments Historiques tandis que la partie restante est inscrite aux Monuments Historiques.

En 1988, des travaux sont menés sur la baie de l'absidiole sud. La fenêtre est reconstruite, mais, suite à un manque de supervision, elle est bâtie selon un dessin peu conforme au style du reste du bâtiment et présente un style proche du XIXe siècle.

2000 à 2022
En 2008, l'association des Amis du Prieuré de Saint-Orens en Lavedan prend le relais de la Société d'Études des Sept Vallées pour assurer la continuité de la sauvegarde et de la conservation du monument.

En 2010, l'absidiole nord est réparée, le trou béant dans la voûte est comblé et la baie romane est refaite à partir du piédroit gauche de la baie, encore présent. Des pierres de tailles ont été récupérées sur le site afin de conserver le caractère ancien du bâti.


TOPONYMIE

Saint-Orens est le nom du saint à laquelle est dédiée l'abbaye.


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Abbaye de Saint-Orens (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'Abbaye de Saint-Orens.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Pic de Nerbiou, Soum de Maucasau, Cascade de Paspich, Abbaye de Saint-Orens 17,5 1400 1747 80 T2 Autorisé


SOURCES

Le prieuré de Saint-Orens en Lavedan (Nelly Pousthomis-Dalle / Bulletin Monumental 144-4)
Le monastère de Saint-Orens en Lavedan (Laure Latanne-Bey / Academia)
Une archive inédite sur le cloître (Laure Latanne-Bey / Academia)
Saint-Orens en Lavedan (Les Amis du Prieuré de Saint-Orens en Lavedan / Site internet)
A Saint-Orens ou Les Hussards au couvent (Jacques Longué / Revue Pyrénées 98)
L'Abbaye de Saint-Orens (Patrimoines Lourdes Gavarnie / Site internet)
Ancien prieuré de Saint-Orens-en-Lavedan (Base Mérimée)

Intérieur de l'Abbatiale, depuis la fenêtre de l'absidiole sud

Intérieur de l'Abbatiale, vers l'ouest

Intérieur de l'Abbatiale, vers l'est

Abbatiale, vers le sud-est

Abbatiale, vers le sud

Abbatiale, vers le sud

Abbatiale, vers le sud-ouest

Fontaine, vers le sud

Fontaine, vers le sud

Ruines de la Grange est et Abbatiale, vers le sud

Ruines de la Grange est, vers le nord

Ruines de la Grange ouest, vers le nord



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