Eglise Saint-Jean-Baptiste de Sère

ÉGLISE SAINT-JEAN-BAPTISTE DE SÈRE
720m

23 mars 2023

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

DESCRIPTION

- Généralités
L'Eglise Saint-Jean-Baptiste de Sère est un édifice de 30 mètres de long, fait de galets et de schistes. Des contreforts plats épaulent le bâtiment jusqu’à la corniche à modillons (PVG) qui court au bas de la toiture (ES). L'église a subi deux phases de construction. La moitié ouest de l'église correspond à la première phase de construction, c'est-à-dire l'église primitive, datée au plus tard du XIe siècle, tandis que la moitié est, dont le chevet, correspond à la deuxième phase de construction, datée du XIIe siècle (HA). Depuis cette deuxième phase de construction, l'église n'a subi aucune restauration ni modification, hormis une fenêtre du chœur, percée au XVIIIe siècle (BM).

Cette église est considérée comme la plus ancienne du département (PVG; GPR, 215-216). Les comtes de Bigorre y tenaient leurs assises quand ils se rendaient en vallée de Barège. Le cartulaire de Bigorre, dans son censier, fait mention de la visite de la comtesse Béatrix et de son fils venus chercher leurs droits. Son importance viendrait de son rang d'archiprêtré (PVG).

- La nécropole
Au sud de l'église, sous le cimetière actuel, semble se concentrer une nécropole médiévale. Les sépultures anciennes sont rencontrées à partir d'environ 50 cm sous le sol (HA). Certains sarcophages de la nécropole seraient datés de l'époque carolingienne, ce qui laisse imaginer que la nécropole était antérieure à l'édification de l'église et ce qui laisse imaginer la présence d'une chapelle avant cette construction (PVG).

- Le porche et le portail d'entrée
En avant de la façade ouest de l'édifice se trouve un porche à trois arches qui protège un portail plein cintre dont le tympan, richement décoré, affiche un chrisme au centre (BM; PVG; GPR, 215-216; ES). Ce chrisme est encadré par quatre animaux, à la sculpture frustre, dont trois volatiles et un quadrupède (PVG). Ce chrisme est accompagné de l'alpha et l'oméga et les animaux pourraient être deux colombes, l'Agneau pascal portant la croix et le Pélican portant également la croix, symbole très rare du Christ donnant son sang pour nourrir spirituellement les fidèles (BM). Les colonnes du portail sont surmontées de chapiteaux représentant des griffons (PVG).

- Le clocher-mur et les cloches
Au-dessus du portail d'entrée se situe un clocher-mur (NDR). Celui-ci abrite deux cloches. La plus petite date peut-être de 1844/1846, tandis que la plus grande, qui pèse 196 kg, date de la fin de 1885. Les deux cloches proviennent de la fonderie Dencausse de Tarbes. La plus petite, fendue sur 50 cm, a été restaurée en 2023 par l'entreprise Bodet à Trémentines en Maine-et-Loire (PVG).

- L'intérieur
L'édifice possède trois nefs de trois travées, voûtées en berceau plein cintre et séparées par des arches reposant sur des piliers cruciformes (GPR, 215-216; BM; PVG; ES). Le dallage de l'église, sans doute d'origine, est en schistes (ES). La première travée est précédée d'une large arcade supportant le clocher dont l'accès se fait par un étroit escalier latéral débouchant entre les deux murs supportant les cloches. L'œil de bœuf qui éclaire la nef est orné d'un rang de billettes entre tores cannelés (BM). Les bénitiers des deux côtés de l'entrée sont datés pour l'un de 1602 et pour l'autre de 1607. Les fonts baptismaux à l'entrée sont composés d'un prisme parallélépipédique en pierre du pays et sont peut-être d'époque romane (PVG).

Les nefs sont terminées par une abside et deux absidioles (GPR, 215, 216; BM; PVG), toutes les trois composées d'une voûte en cul-de-four plus basse que le berceau de la nef (PVG). La voûte maçonnée de l'abside présente une immense coquille Saint-Jacques. Le retable, attribué à Jean Brunelo, est daté de la fin du XVIIe siècle (GPR, 215-216; PVG) ou du début du XVIIIe siècle (ES), et fut restauré en 1988, par l'entreprise Moreno d'Odos (PVG). L'imposant Christ en croix a été offert par la famille Montblanc, riche famille de seigneurs locaux qui a signé son don de ses armoiries, les trois épées (PVG).

Dans la chapelle située au sud, dite chapelle de la Vierge, se trouve un retable fait de pièces éparses provenant apparemment d'autres retables. Les ailerons et les anges en bois sculpté de facture baroque contrastent avec l'imposante vierge en bois de la niche centrale qui aurait été commandée en 1721-23 à Asté (PVG).

Dans la chapelle située au nord, dite chapelle de la Sainte famille, un retable est également attribué à Jean Brunelo. Ce retable fut restauré en 1995 par une entreprise toulousaine (PVG).


HISTOIRE

Avant 1000
Avant le XIe siècle, au haut Moyen Âge, voire à l'Antiquité, le site de la future église est peut-être déjà occupé par un édifice (HA).

1000 à 1100
Au plus tard au XIe siècle (HA), ou au XIe siècle (GPR, 215), l'église est probablement édifiée (HA; GPR, 215).

1100 à 1200
Au XIIe siècle, l'église subit une deuxième phase de construction. Elle est prolongée vers l'est et un chevet est édifié (HA). Il est probable que le chevet primitif est alors détruit pour effectuer cette prolongation (NDR). Selon la Base Mérimée, l'église est édifiée au cours de ce XIIe siècle. Cependant, il est probable que cette datation correspond en fait à cette extension de l'église (NDR).

1200 à 1300
En 1292, l’église est mentionnée en tant qu'archiprêtré de la vallée de Barège (PVG).

1600 à 1700
En 1602, un premier bénitier est construit sur le côté de l'entrée de l'église (PVG).

En 1607, un deuxième bénitier est construit sur le côté de l'entrée de l'église (PVG).

A la fin du XVIIe siècle (GPR, 215-216; PVG), ou au début du XVIIIe siècle (ES), le retable de l'abside est construit probablement par Jean Brunelo (GPR, 215-216; PVG). Peut-être autour de la même période, le retable de la chapelle de la Sainte-Famille est peut-être également construit par Jean Brunelo (PVG; NDR).

1700 à 1800
Au cours du XVIIIe siècle, une fenêtre est percée dans le chœur de l'église (BM).

En 1721-1723, la statue en bois de la Vierge du retable de la chapelle sud est probablement commandée à Asté (PVG).

1800 à 1900
En 1844/1846, une petite cloche est construite par la fonderie Dencausse de Tarbes. Elle est installée par la suite dans le mur-clocher de l'église (PVG).

Dans les années 1850, les sols autour de l'église, fortement exhaussés par les inhumations successives, subissent un abaissement (HA).

En 1856, dans Voyage historique et archéologique de la Bigorre de Cénac Montaut, il est évoqué la présence de nombreuses tombes de schiste mises au jour à la suite de travaux (PVG). C'est peut-être au cours de ces travaux que les sols autour de l'église subissent un abaissement (NDR).

En 1885, à la fin de l'année, une grande cloche, de 196 kg, est construite par la fonderie Dencausse de Tarbes. Elle est installée par la suite dans le mur-clocher de l'église (PVG).

1900 à 2008
En 1914, l'église est classée aux Monuments historiques (BM).

En 1980, le cimetière de l'église est agrandi. Suite aux travaux, la présence de nombreuses tombes de schiste autour de l'église, évoquée en 1856, est confirmée (PVG).

En 1982, Nelly Pousthomis étudie l'édifice et détermine deux phases de construction, la plus ancienne pouvant dater du XIe siècle au plus tard, et le site ayant pu être occupé bien plus anciennement (HA).

En 1988, le retable de l'abside est restauré par l'entreprise Moreno d'Odos (PVG; ES).

En 1992, la route est élargie. Suite aux travaux, la présence de nombreuses tombes de schiste autour de l'église, évoquée en 1856, est confirmée à nouveau (PVG).

En 1995 (PVG), ou en 1992 (ES), le retable de la chapelle de la Sainte-Famille est restauré (PVG; ES) par une entreprise toulousaine (PVG).

Entre 2006 et 2008, des travaux d’assainissement sont effectués. Suite aux travaux, la présence de nombreuses tombes de schiste autour de l'église, évoquée en 1856, est confirmée à nouveau. Le chantier recouvre ensuite rapidement de terre les lieux de fouille (PVG).

En 2008, Bernard Pousthomis dirige des fouilles archéologiques. Grâce à la découverte de l'absence de débord de fondation à la base des deux premières travées des murs gouttereaux, ces fouilles confirment l'hypothèse d'une première église, peut-être du XIe siècle, qui était aussi large que l'actuelle mais dont la longueur aurait été limitée à la moitié ouest de l'édifice actuel, avant d'être prolongée vers l'est, au XIIe siècle, avec la construction du chevet actuel. De plus, une partie de la base du mur sud, bâtie en petits moellons équarris et associée à un contrefort nettement décalé du pilastre intérieur, pourrait être le vestige d’une construction du haut Moyen Age, voire de l’Antiquité. Le niveau du sol actuel correspond au sommet des débords de fondations de la partie de l’édifice attribuable au XIIe siècle, c'est-à-dire la moitié orientale dont le chevet. Il semble correspondre à celui du Moyen Âge mais, en fait, n'a été restitué que dans les années 1850 lors de l'abaissement des sols. Autour de l'église, la nécropole médiévale est fouillée. Elle semble concentrée au sud du site et les sépultures anciennes sont rencontrées à partir d'environ 50 cm sous le sol. Une unique tombe en pleine terre est découverte au nord-est de l'édifice, tandis que la face sud de l'église conserve une série de sépultures là où se situe le cimetière actuel. Sur les huit mises au jour, une seule, celle d'un enfant inhumé en pleine terre, est orientée tête à l'est, toutes les autres étant en coffres de lauses de forme rectangulaire ou trapézoïdale, tête à l'ouest. Parmi ces dernières une seule est parfaitement intacte, le défunt inhumé en décubitus dorsal, la tête calée par deux pierres et les bras allongés le long du corps. Une boucle de ceinture en fer, du XIIIe ou XIVe siècle, découverte à la base du bassin, indique que le défunt était vêtu lors de son inhumation. Il s’agit là de la tombe supérieure de trois coffres superposés dont la localisation à la base du mur gouttereau renvoie à la tradition médiévale d'une eau s'écoulant du toit prétendue bénie (HA).

En 2023, la plus petite des cloches du mur-clocher, fendue sur 50 cm, est restaurée par l'entreprise Bodet à Trémentines en Maine-et-Loire (PVG).


TOPONYMIE

Saint-Jean-Baptiste est le nom du saint auquel est dédié l'église. Sère est le nom du village où se situe l'église. En 1846, le village de Sère a fusionné avec le village voisin d'Esquièze pour devenir la commune d'Esquièze-Sère (ES).


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Eglise Saint-Jean-Baptiste de Sère (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'Eglise Saint-Jean-Baptiste de Sère.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Château Sainte-Marie, Soum de Moustayou 13,5 1300 1821 96,30 T2/T3 Autorisé


SOURCES

HA : L'église de Sère, résumé d'opération. Hadès Archéologie. Article en ligne
BM : Eglise de Sère. Base Mérimée. Notice en ligne
GPR : Julie Vivier, Sylvain Lapique. Guide des Pyrénées romanes. Editions Privat, 2011.
PVG : Les églises, Canton de Luz-Saint-Sauveur, Sère. Site internet Patrimoines du Pays des Vallées des Gaves. Article en ligne.
ES : Histoire et patrimoine. Site de Esquièze-Sère. Article en ligne


PHOTOS

Façade est (23/03/2023)

Abside et absidioles (23/03/2023)

Façade nord

Clocher-mur, porche (23/03/2023)

Façade ouest (23/03/2023)

Portail d'entrée (23/03/2023)

Chrisme du portail d'entrée (23/03/2023)

Façade sud



Commentaires