Eglise Sainte-Engrâce

ÉGLISE SAINTE-ENGRÂCE
620m

Église de Sainte-Engrâce, Gorges d'Ehujarre

NB : L'altitude mentionnée ici est approximative.

INFOS

Extérieur
L'église Sainte-Engrâce possède un long toit asymétrique, et à forte pente au nord, en ardoise, et régulièrement restauré.

A l'est se trouve le chevet avec deux absidioles qui entourent une abside plus élevée. Datées du XIème siècle, elles sont de plan semi-circulaires et construites en moyen appareil, c'est-à-dire en pierres taillées de moyenne dimension, calcaire et régulier. Elles sont également percées de baies très étroites en plein cintres, 2 pour chaque absidioles et 3 pour l'abside, et pourvues d'une corniche aux modillons nus. Au-dessus de cette corniche se trouve une partie faite d'un appareil irrégulier de moellons et blocage de petits cailloux et atteste de la surévélation de la toiture, à une date inconnue. Une sacristie et son couloir d'accès, datés aux alentours de 1850, viennent s'appuyer à l'est de l'abside.

Au nord, des contreforts massifs, datés du XVIIIème ou du XIXème siècle, viennent s'appuyer sur le mur, qui est lui-même percé par 3 grandes fenêtres, ces percements étant datés de 1765.

Au sud, le mur, qui surplombe un à-pic, est percé d'une simple ouverture étroite.

A l'ouest, dans le cimetière attenant à l'église, se trouvent des stèles discoïdales caractéristiques du Pays Basque. Toujours à l'ouest, se trouvent les vestiges d'un bâtiment rectangulaire, de 17m sur 11m, qui venait se greffer à l'édifice et qui faisait partie des bâtiments destinés à la vie conventuelle, c'est-à-dire à la vie de la communauté religieuse.

Dans la façade ouest, et dans le prolongement du mur nord, se trouve l'entrée principale de l'église avec son portail, daté du XIème siècle mais restauré. Ce portail, protégé par un porche tardif, possède, de l'époque romane, 1 voussure sculptée, 2 chapiteaux historiés et 1 tympan sur lequel 2 anges soutiennent un chrisme. A son opposé, au sud-ouest de l'édifice, se trouve une tour clocher carrée et trapue, de 4,28m sur 4,32m pour une hauteur d'environ 18m, et qui résulte d'une transformation importante de la construction d'origine car elle fut surélevé à plusieurs reprises et fut de nombreuses fois restaurée, avec 2 parties d'époque médiévale, la première sur 2,50m de haut et la deuxième directement au-dessus de la première. Le choix asymétrique de l'entrée et de la tour clocher fut certainement fait en raison de la présence primitive des bâtiments conventuels contre la partie sud-ouest de la façade. Cette façade, construite en calcaire siliceux gris bleuté de l'Albien, dernière période du Crétacé inférieur, et dont quelques blocs prennent une couleur rougeâtre, montre 6 techniques de construction différentes dont 2, composées de pierres de taille de dimension moyenne, sont d'époque médiévale. La façade dispose en son centre d'une ouverture ronde, de construction récente, et surmonté d'une baie étroite.

Intérieur
L'église, de 25,80m de long pour 15m de large, est composée d'une nef divisée en 3 vaisseaux, profondes de 4 travées et prolongés par une abside centrale et deux absidioles, toutes trois semi-circulaires. Les trois premières travées sont de dimension à peu près égales, tandis que la quatrième est plus petite et correspond à la tribune de la nef. La nef est aveugle mais l'éclairage est assuré par une douzaine de baies en plein cintre, ébrasées mais sans sculptures, réparties essentiellement aux murs collatéraux et à l'abside principale. La plupart de ces baies furent restaurées aux XVIIIème et XIXème siècles.

L'intérieur de l'église recèle de véritables trésors de l'art roman, en particulier les chapiteaux des nefs, sculptés de personnages en relief, dont Saint Joseph, la Vierge, Adam et Eve, Salomon et la reine de Saba, accompagnés d'un bestiaire étonnant avec des lions, des centaures, des chevaux et un éléphant. L'ensemble a fait l'objet d'une restauration récente.


HISTOIRE

1000 à 1100
Entre 1068 et 1085, une première église, peut-être d'architecture romane, est construite à l'emplacement de l'actuelle église. Elle est alors sous la direction des chanoines de Saint Augustin qui occupent le monastère situé à proximité. La construction de cette église est attachée à la légende de Grâce, jeune martyre morte en l'an 300 et dont le culte se répandit par la suite, aux alentours de l'an 400. Il est possible que la relique de Sainte-Engrâce, c'est-à-dire son bras, soit installée dans l'église à cette même époque.
-> voir les infos sur la légende du Taureau de Sainte-Engrâce.

En 1085, Sanche Ramirez, roi d'Aragon et de Navarre fait donation de l'édifice à l'Abbaye de Leyre. A cette époque, l'église Sainte-Engrâce dispose de moyens considérables pour assurer son autonomie, par le biais de terres agricoles, de friches et de forêts.

Entre 1085 et 1100, les chanoines de Saint Augustin modifie l'église primitive et font une église d'architecture romane. L'église fait alors partie d'un ensemble de bâtiments destinés à la vie conventuelle. Durant cette même période, et sous le règne de Don Pedro, successeur de Sanche Ramirez et qui règne entre 1094 et 1104, les clercs de Sainte-Engrâce refusent de ce soumettre à l'Abbaye de Leyre, malgré 2 bulles papales rédigées en 1098 et 1100.

1100 à 1200
En 1125, un accord est conclu entre l'abbé de Sainte-Engrâce, Acenario, et celui de Leyre, Garcia, afin que l'établissement ne perde pas ses biens en Espagne. Cet accord prévoit que, chaque année, les clercs de Sainte-Engrâce paient, à l'Abbaye de Leyre, 2 saumons le jour de l'Ascension et 2 bœufs le jour de la saint Jean-Baptiste. En contrepartie, l'établissement de Sainte-Engrâce conserve une relative autonomie qui sera toujours respectée par l'Abbaye de Leyre.

1300 à 1400
A l'aube du XIVème siècle, l'établissement de Sainte-Engrâce, dirigé par Arnaud Raymond, atteint son plus haut point de gloire.

1500 à 1600
Suite à l'annexion de la Haute-Navarre par Ferdinand le Catholique en 1512, l'établissement de Sainte-Engrâce perd ses propriétés espagnoles.

En 1568, la Soule et la Basse-Navarre, qui sont catholiques, se soulèvent contre Jeanne d'Albret, qui est protestante, et, en 1569, les troupes protestantes de Montgomery se rendent dans les deux provinces basques. L'établissement de Sainte-Engrâce est alors saccagé et incendié, les habitations des chanoines sont détruites et le chapitre est dissout. La collégiale cesse ensuite de fonctionner pendant environ 40 ans et ses domaines, droits de pacages et forêts, sont attribués par les ordonnances de Jeanne d'Albret à la communauté de Lanne-en-Barétous. Durant cette période, la relique de Sainte-Engrâce est volée par un chanoine. Le pèlerinage à Sainte-Engrâce perd alors de son attrait. Les places des chanoines sont tenues par des curés de Soule qui ne se rendent aux offices que lors des grandes fêtes, 3 ou 4 fois par an. Le service religieux est réduit à un service paroissial.

1600 à 1700
Durant la première moitié du XVIIème siècle, une nouvelle relique, le doigt de Sainte-Engrâce, est ramenée de Saragosse et Arnaud II de Maytie, évêque d'Oloron, rétablit la collégiale à Sainte-Engrâce, avec 12 chanoines.

1700 à 1800
Au début du XVIIIème siècle, Joseph de Révol, évêque d'Oloron entre 1705 et 1735, souhaite unir les revenus de Sainte-Engrâce avec ceux de son diocèse. En 1724, les chanoines résidents à Sainte-Engrâce ne sont plus que 3, les 9 autres se contentant d'assurer un service le jour de la Chandeleur et de la Pentecôte, avec l'abbé doyen, également grand vicaire du diocèse de Comminges. Les revenus de l'établissement de Sainte-Engrâce, de 2000 livres, sont insuffisants pour la subsistance et l'entretien du service canonial. Le roi ordonne alors l'extinction de la collégiale dès que le nombre de desservants sera réduit à 2. Dès lors, tous les biens, noms et actions du chapitre dépendront du séminaire d'Oloron.

En 1737, après une longue diminution du paiement de l'accord de 1125 entre le monastère de Sainte-Engrâce et l'Abbaye de Leyre, ce paiement disparaît complètement.

En 1765, une restauration de l'édifice est effectuée avec notamment le percement de 3 grandes fenêtres au nord et le renouvellement des vitres et du mobilier liturgique. A une date inconnue mais entre la seconde moitié du XVIIIème siècle et 1854, des contreforts massifs sont érigés sur le mur nord, afin de pallier le déséquilibre dû au percement des baies du mur nord.

A la fin du XVIIIème siècle, au cours de la Révolution, l'église de Sainte-Engrâce est incendiée, et le portail est à moitié détruit. En 1790, les biens et terres du chapitre, devenus biens nationaux, sont vendus 28.400 livres à Jean de Montréal, comte de Trois-Villes. Celui-ci est emprisonné au cours de la Terreur et, à sa sortie de prison, il vend les propriétés du chapitre de Sainte-Engrâce en lots morcelés. L'église devient une simple église paroissiale et il ne reste que quelques vestiges du bâtiment conventuel à l'ouest de celle-ci.

1800 à 1900
En 1825, les murs de la nef sont recouvert par un badigeon.

En 1841, l'église de Sainte-Engrâce est classée aux Monuments Historiques. Dans la foulée, le curé de l'église demande au préfet une aide financière pour restaurer l'édifice. La toiture est refaite et le badigeon de 1825 est supprimé.

Vers 1850, une sacristie est construite à l'est du chevet. Elle vient se greffer, par l'intermédiaire d'un couloir, à l'est de l'abside, ce qui provoque de nombreuses modifications.

Vers 1864, des travaux de restauration débutent, sous la direction de l'architecte Boeswilwald. Ils se poursuivent jusqu'en 1905, consolidant tout l'édifice et restaurant les chapiteaux sous la direction du sculpteur Bouey. Suite à un projet de modification de la façade occidentale qui est avorté, le linteau du portail disparaît.

1900 à 2000
Tout au long du XXème siècle, l'église ne cesse d'être en restauration. Des travaux de toiture et de consolidation des murs sont effectués et, en 1976, au terme de ces travaux, une mise en valeur intérieure est effectuée. Les enduits sont repris, les peintures nettoyées et complétées, les sols ravalés, les chapiteaux et les colonnes restaurés et le chœur aménagé.

En 2000, la toiture est à nouveau restaurée.


TOPONYMIE

L'église est dédiée à Sainte-Engrâce, aussi nommée Santa Grazi, une jeune vierge portugaise qui fut torturée et tuée par les soldats romains en l'an 300, et dont le culte se répandit plus tard, aux alentours de l'an 400. Selon la tradition, le village Sainte-Engrâce, dans lequel se trouve l'église, était nommé autrefois Urdaix et aurait pris, après la construction de l'édifice, le nom de la sainte à laquelle est dédiée l'église.


SITUATION



MÉTÉOTutoriel météo

Météo Eglise Sainte-Engrâce (meteoblue)

TOPOS

Les topos du Bouquetin Boiteux passant à l'Église Sainte-Engrâce.

Itinéraire Km D+ Altitude max D+/Km Cotation Chiens
Gorges d'Ehujarre, Pic Lakhoura 17 1400 1877 82,35 T3 Autorisé


SOURCES

La collégiale de Sainte-Engrâce (Maritchu Etcheverry, Françoise-Claire Legrand / AEAB)
Pyrénées romanes (Victor Allègre, Marcel Durliat / Zodiaque)
Guide des Pyrénées romanes (Julie Vivier, Sylvain Lapique / Editions Privat)
Le décor sculpté de l'église de Sainte Engrâce (Association Ikerzaleak)
Église (Base Mérimée)
Eglise abbatiale de Sainte-Engrâce (Diocèse 64)
Eglise Sainte-Engrâce (Pratimoine religieux)


Vers l'ouest

Vers le nord-ouest

Vers le nord

Intérieur



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