Chouette de Tengmalm

Chouette de Tengmalm

Aegolius funereus

Photo S. Sorbi © - Site internet Aves


LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)

La Chouette de Tengmalm est un rapace noctambule. On la voit ainsi traîner, le soir, déambulant de bar en bar, avant d'aller se trémousser le popotin toute la nuit sur le dancefloor. Fatiguée de ses virées nocturnes, elle dort ensuite toute la journée. La Chouette de Tengmalm est donc une grosse feignasse qui vit de strass et de paillettes. Ce qui se voit à son front. Pour tout dire, car c'est le but d'un manuel, mais aussi de Manuel, qui n'a pourtant rien demandé et qui se demande pourquoi on parle de lui, l'oiseau n'est pas très malin. Il a toujours l'air étonné.

La Chouette de Tengmalm a un dimorphisme sexuel. Parfois neuf, parfois onze. Mais là n'est pas la question. La femelle, qui s'occupe du nid et de la marmaille, a tendance à l'embonpoint alors que le mâle a tendance à partir glander avec ses potes à la chasse quand les poussins poussent.

La Chouette de Tengmalm est parfois polyandre, parfois polygame. Elle dit toujours merci. La Chouette de Tengmalm est donc très polie.

Extrait du manuel du Bouquetin Bucolique


LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)

- Noms
Chouette de Tengmalm, Nyctale de Tengmalm (français), Tengmalm's owl (anglais), Rauhfusskauz (allemand), Mochuelo boreal, Lechuza de Tengmalm (espagnol), Pärluggla (suédois), Helmipöllö (finnois).

- Classification
Animalia/Animal (Règne), Chordata/Cordés (Embranchement), Aves/Oiseaux (Classe), Strigiformes/Strigiformes (Ordre), Strigidae/Strigidés (Famille), Aegolius (Genre), funereus (Espèce).
Linnaeus, 1758 (Descripteur).

- Répartition
La Chouette de Tengmalm niche en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Son aire de répartition forme une ceinture plus ou moins régulière de 2000 à 3000 km de large recouvrant les zones forestières froides de l'hémisphère nord.

La Chouette de Tengmalm est divisée en 4 sous-espèces principales. Aegolius funereus richardsoni vit en Amérique du Nord,  Aegilius funereus magnus, de taille plus grande, vit en Sibérie orientale, Aegolius funereus pallens vit en Sibérie centrale et occidentale, et Aegolius funereus funereus vit en Europe, de la Fennoscandie à l'Oural.

En Amérique du Nord, la Chouette de Tengmalm niche de l'Alaska jusqu'au Labrador et à Terre-Neuve. En Europe, elle vit dans une bande continue de la Scandinavie à la Russie et dans les principales zones montagneuses. En Asie, elle vit de la Russie jusqu'à la Sibérie orientale.

En France, la Chouette de Tengmalm niche dans les régions montagneuses et dans les principaux plateaux de l'Est. Elle se retrouve ainsi à des altitudes pouvant varier de 250m sur le plateau lorrain à plus de 2000m dans les Alpes. La présence de l'espèce au sein de son aire de répartition est inégale et soumise à de fortes fluctuations annuelles. Elle revêt ainsi localement la forme d'îlots de présence d'ampleur variable, séparés par de grands vides.

- Habitat
La Chouette de Tengmalm est une espèce strictement forestière. Elle affectionne les forêts de résineux, surtout dans le nord de sa zone de répartition et dans les montagnes, mais colonise également les forêts mixte où feuillus et résineux se mélangent dans des proportions variables. La présence de l'oiseau est conditionnée par la maturité du peuplement forestier avec le maintien de vieux arbres comportant des cavités et la présence de zones de sous-bois clairs ou de clairières afin d'en faire son domaine de chasse.

La Chouette de Tengmalm niche dans une cavité d'arbre, souvent une ancienne loge de Pic noir, mais utilise aussi des cavités naturelles. La Chouette de Tengmalm et le Pic noir se retrouvent ainsi dans des zones communes, la première étant indirectement liée au second.

La Chouette de Tengmalm est partiellement sédentaire mais elle est parfois soumise au nomadisme selon les régions et les années.

- Morphologie et vol
A l'âge adulte, la Chouette de Tengmalm a une envergure de 54cm à 62cm, mesure environ 25cm et pèse en moyenne 100g pour les mâles et 160g pour les femelles. L'important dimorphisme sexuel au niveau de la masse corporelle, la femelle étant beaucoup plus lourde que le mâle, permettrait à celle-ci de mieux protéger les pontes des températures nocturnes les plus basses.

La Chouette de Tengmalm a une tête large, avec un disque facial bien marqué, pâle, et au contour noirâtre. Le front est perlé de taches blanches. Ses yeux sont jaunes à la pupille noire, surmontés de sourcils blanchâtres, et donnent une expression étonnée. Le bec est pâle.

Le dessus du plumage est brun foncé avec des points blancs. Le dessous est clair, et taché de stries brunâtres. La teinte brune du plumage varie selon les individus, certains étant cendrés, d'autres beaucoup plus roux. Les pattes sont jaunes.

La Chouette de Tengmalm a un vol rectiligne. Elle présente alors de longues ailes arrondies et une queue plutôt longue. Sa morphologie lui permet d'évoluer avec agilité dans le milieu forestier où elle vit.

Les jeunes ont un plumage entièrement brun chocolat et leur face brune est marquée par deux arcs sourciliés pâles se prolongeant jusqu'au bec.

Photo Jacques Blanc © - Site internet Parc national du Mercantour

- Régime alimentaire
La Chouette de Tengmalm se nourrit essentiellement de micro-mammifères, campagnols, mulots et musaraignes, mais il lui arrive de capturer, rarement, des oiseaux ou des insectes.

- Technique de chasse

La Chouette de Tengmalm chasse à l'affût, perchée à faible hauteur. Elle se déplace périodiquement d'un poste à l'autre, en volant lentement à environ 1 m du sol. Les proies sont repérées par les bruits qu'elles émettent en se déplaçant dans la végétation et l'attaque, soudaine, suit une phase d'intense d'observation destinée à localiser précisément la proie.

- Cycle de vie
La Chouette de Tengmalm est strictement nocturne, avec deux pics d'activités, l'un vers la fin du crépuscule, où elle part en chasse, et l'autre avant l'aube. Entre les 2, au milieu de la nuit, elle effectue une courte période de repos.

Dès la fin de l'hiver, de février à mai, se déroule la période de reproduction. Le mâle émet alors un chant doux répétitif à proximité des sites de reproduction. Les Chouettes de Tengmalm sont tantôt monogames, une femelle avec un mâle, tantôt polygames, plusieurs femelles avec un mâle, tantôt polyandres, une femelle avec plusieurs mâles.

De mars à juin, la femelle effectue la ponte. La Chouette de Tengmalm pond ainsi 3 à 10 œufs, à 2 jours d'intervalle, puis les couve, seule, pendant 26 à 28 jours. La reproduction est liée à l'abondance de la nourriture. En cas d'abondance, la ponte est précoce et bien fournie, et plusieurs nids peuvent être occupés à moins de 100m les uns des autres. Au contraire, en cas de pénurie, les nidifications sont rares.

La femelle garde le nid et couve ses poussins plusieurs jours encore après l'éclosion du dernier œuf. Elle dépèce les proies que lui apporte le mâle et les distribue aux poussins. La femelle reste ainsi au nid avec ses jeunes la journée, jusqu'à ce que leur plumage juvénile ait remplacé le duvet, soit à l'âge de 3 semaines environ. Bien que ne volant qu'imparfaitement, les jeunes quittent le nid à l'âge d'environ 30 jours. Dès lors, ils ne reviennent plus au site de nidification, et séjournent dans les frondaisons, les parents continuant de les approvisionner durant quelques semaines. Les jeunes sont capables de chasser vers l'âge de 6 à 8 semaines, la famille se disloquant vers la 10ème semaine. A l'âge de 1 an, les Chouettes de Tengmalm peuvent se reproduire.

En mai, la Chouette de Tengmalm adulte débute une mue postnuptiale partielle qui se termine fin juillet à début août.

La Chouette de Tengmalm a une longévité maximale de 15 ans mais la mortalité la première année est élevée, pouvant atteindre jusqu'à 75% de la population. Ensuite, la mortalité annuelle représente 30% des mâles et 36% des femelles.

Photo Christophe Cuenin © - Site internet Journal Sud Ouest

- Étymologie
Le nom de Chouette de Tengmalm vient du nom d'un ornithologue amateur suédois. Ce dernier n'était cependant pas le premier à décrire l'oiseau car le savant suédois Linné l'avait fait auparavant. Communément utilisé, le nom de Tengmalm est resté et est devenu le nom commun de cette oiseau.

Dans la plupart des langues, le nom des chouettes remontent souvent à une onomatopée. Mais ces noms peuvent être très différents selon que l'onomatopée représente les cris de l'oiseau, plus ou moins stridents avec des sons durs ou chuintants, ou bien ses chants, généralement constitués de successions de ou-ou. En français, le nom chouette renvoie ainsi au chuintement des cris de l'oiseau, tout comme en italien avec le nom civetta. Au contraire, owl, en anglais, et eule, en allemand, renvoient au hululement de l'oiseau, qui s'entend nettement dans ulula, l'un des noms de la chouette en latin. Le nom espagnol, lechuza, est une exception puisqu'il provient de l'ancienne forme nechuza, issue du latin noctua qui est l'un des noms de la chouette et qui rappelle que celle-ci est un oiseau de la nuit par excellence.

Le nom des chouettes renseigne sur la façon dont est perçu cet oiseau selon les pays. Ainsi, en espagnol, lechuza peut aussi désigner familièrement une sorcière tandis qu'en italien, civetta est à la fois l'oiseau et une femme coquette. En français, chouette a pris, dans le langage familier, un sens favorable.

- Histoire et effectifs
Entre -126.000 et -11.700 ans, au cours du Pléistocène supérieur, la Chouette de Tengmalm est présente, en France, dans les Pyrénées et les Alpes. Dans les Alpes, après une absence, elle est de retour, probablement comme nicheuse, lors du dernier froid tardiglaciaire de la fin de l'Alleröd au Dryas récent, soit vers -13.000 ans.

Après -11.000 ans, selon les recherches actuelles, la Chouette de Tengmalm est absente de France.

Au 19ème siècle, en France, des écrits citent la présence occasionnelle de la Chouette de Tengmalm en Alsace et en Lorraine, dans la Marne, l'Aube, le Jura, le Vaucluse et le Var.

Au début du 20ème siècle, il semble que la Chouette de Tengmalm s'installe dans les Pyrénées et, en 1936, elle semble présente dans le Jura, les Alpes et les Pyrénées.

Dans les années 1970, en France, l'espèce conquiert progressivement l'ensemble du Massif Central. Cette progression serait à mettre en rapport avec le vieillissement des forêts françaises pendant le 20ème siècle, conséquence d'une réduction de leur exploitation. Ce vieillissement aurait ainsi permis la constitution de milieux favorables à la reproduction de l'espèce d'une part et à la progression du Pic noir, dont cette chouette exploite les cavités, d'autre part.

Entre 1990 et 2000, des déclins de l'espèce sont observés dans certains pays.

Actuellement, la population mondiale de Chouette de Tengmalm, qui a une tendance globale à la stabilité voire à l'augmentation, est estimée à 110.000 à 350.000 couples. En France, la population est estimée à 1500 à 2500 couples.


STATUTS D'ÉVALUATION, DE PROTECTION ET DE MENACE

Aegolius funereus, Statuts (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Aegolius funereus (IUCN Red List)
La liste rouge mondiale... (IUCN Comité Français)


SOURCES

Chouette de Tengmalm (site LPO Rapaces)
Chouette de Tengmalm (site de l'observatoire des rapaces de la LPO)
Chouette de Tengmalm (site Oiseaux.net)
Chouette de Tengmalm (site du Parc national du Mercantour)
Aegolius funereus (site de l'Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Évolution holocène de la faune... (Philippe Clergeau, Jean-Denis Vigne / INRA/CNRS/MNHN)
La mystérieuse histoire du nom des oiseaux (Henriette Walter, Pierre Avenas / Robert Laffont)



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