Grand tétras (Coq de Bruyère)

Grand tétras (Coq de Bruyère)

Tetrao urogallus

Photo L. Nédélec © - Site internet Parc national des Pyrénées


LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)

Avec ses 80cm de hauteur et ses 5kg, le Grand Tétras est un beau poulet. Élevé en plein air, c'est mieux que sans, l'oiseau a de beaux cuissots et le dos dodu. Étiqueté Label Rouge, il le porte fièrement au-dessus des yeux. C'est dire s'il a l'air futé.

Le Grand Tétras aime le froid et les bois. Il est ainsi très rare de le voir se dorer la pilule aux Seychelles. Ou chez moi. Quoique parfois on le voit chez les chinois, mais c'est bien loin. Revenons à nos poulets, qui ne sont pas des moutons. C'est évident. Donc, le Grand Tétras ne fréquente pas Saint-Tropez mais, au contraire, il préfère gambader dans les forêts de résineux, les raquettes aux pieds, il a un service déplorable et perd tous ses matchs, la doudoune en plumes d'oie et col de renard sur le dos. C'est classe.

Au printemps, quand les hormones le titillent, monsieur tente d'impressionner madame et s'inscrit au concours de beauté Mister Coq. La barbe taillée, les yeux maquillés, et les plumes dans le cul, il parade devant la poulette et fait la roue. C'est le paon qui se marre. Finalement, madame choisit son mâle. S'ensuit une folle nuit alcoolisé. Le coq au vin passe la poule au pot et finit par farcir la dinde.

Mais, au réveil, madame Tétras, qui est une femme libérée, même si elle n'aime pas les cookies, c'est dingue, vire le beau gosse de son nid. Peu après, elle mettra au monde ses 2 à 5 gamins qu'elle nommera poussin, poussedeux, poussetrois, etc. Ou poussetoidelà s'il est pénible. Madame n'aime pas se compliquer la vie.

Selon l'intellectuel italien Gérard Brutii, l'animal ne brille pas par son intelligence. Il serait même bête à en bouffer du caillou. Être ou paraître, telle est la question.

Extrait du manuel du Bouquetin Bucolique


LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)

- Habitat
Le Grand Tétras, le plus gros galliforme sauvage européen, est une espèce eurosibérienne-boréalpine, divisée en 7 sous-espèces, et présente en Scandinavie et dans l'ouest de la Russie mais également en Europe Centrale et Occidentale dans les zones de relief. Ainsi, habitant dans les régions froides et boisées, il est présent, en France, dans les différents massifs montagneux comme les Pyrénées, habitées par la sous-espèce Tetrao urogallus aquitanicus, ou le Jura. Mais il est devenu rare dans les Vosges et a presque disparu dans le nord des Alpes. Hors des Pyrénées, c'est la sous-espèce Tetrao urogallus major qui est présente.

Sédentaire et aux déplacements limités, le Grand Tétras occupe, en France, les forêts entre 700m et 2.200m d'altitude, avec une préférence pour les forêts à dominante de résineux, avec quelques feuillus, âgées et claires, et agrémentées de trouées et clairières comportant des myrtilles ou des framboisiers.

Durant l'hiver, les Grands Tétras s'isolent dans ces forêts de résineux aux branches basses, chaque oiseau choisissant un arbre où il reste jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à manger. Chacune de ces zones vitales sont de petite taille, de 20 à 30 hectares. En été, les poules vont nicher dans les landes basses, ouvertes, et à proximité de zones herbacées hautes. Les zones d'hivernage et de reproduction sont parfois séparées de 3 à 5km, et se situent sur des versants opposés.

- Morphologie
Haut de 67 à 94cm avec une envergure jusqu'à 130cm, le Grand Tétras pèse entre 4 et 6kg et a un dimorphisme sexuel très prononcé. En effet, le mâle et la femelle sont très différents morphologiquement.

Le mâle, plus gros que la femelle, a le dos noir, un poitrail vert-bleu brillant, et arbore une barbe noire et un bec blanchâtre. Au-dessus des yeux, il dispose d'excroissances charnues très visibles, appelées caroncules, et qui sont rouges vives. Ses ailes sont brunes avec une tache blanche au poignet et sa longue queue, qui s'arrondit lors de la parade comme celle des dindons, est constituée de grandes plumes noires parsemées de taches blanches.

La femelle a une tache rousse importante sur la poitrine, tandis que le reste du plumage est brunâtre dessus, avec des barres foncées dessous. La queue, roussâtre, est assez longue et non échancrée.

Les poussins ont le dessous du corps jaune clair, le dos plus foncé, avec du brun, du beige, du noir, et rayé de bandes noirâtres.

Photo C. Cuenin © - Site internet Parc national des Pyrénées

- Régime alimentaire
En hiver, le Grand Tétras se nourrit des aiguilles de résineux comme les pins et les épicéas. Au printemps, ce sont les bourgeons, les pousses et les herbes qui constituent son repas. En été et en automne, son régime alimentaire se diversifie et il mange des plantes herbacées, des baies de myrtilles, de framboisiers ou des fruits des sorbiers, tandis que les poussins se nourrissent d'arthropodes en passant progressivement à la nourriture des adultes.

Le Grand Tétras absorbe régulièrement des graviers afin de faciliter sa digestion, comportement assez courant chez les espèces aviaires granivores (se nourrissant de graines).

- Cycle de vie
Le Grand Tétras est discret et très farouche mais, lors de la période des amours au printemps, il se révèle très bruyant. Les mâles se regroupent alors sur une zone spécifique, appelée place de chant, et attirent les femelles en effectuant des parades nuptiales à terre ou sur un arbre. Celles-ci sont spectaculaires, les coqs déployant leur queue redressée et en demi-lune et émettant un chant bizarre.

La reproduction débute par le chant près des sites d'hivernage en mars-avril puis sur les places de chant, à la mi-avril, où le coq peut ensuite être observé jusqu'à fin mai-début juin. Les femelles viennent et fréquentent les places de chant fin-avril, début-mai donc lors d'une période très courte. Elles choisissent le mâle avec lequel elles s'accouplent ensuite. Puis, elles s'en vont faire leur nid, un creux du sol garni d'herbes et de feuillages, où elles pondent durant la deuxième quinzaine de mai puis couvent entre 5 à 12 œufs pendant 25 à 27 jours. Les printemps froids et pluvieux ont une incidence directe sur la reproduction et certaines années, elle peut être quasiment nulle.

Les poussins, souvent de 2 à 5, sont nidifuges, c'est-à-dire qu'ils quittent le nid peu après leur éclosion. Ils restent avec leur mère jusqu'en septembre. Ils doivent alors avoir acquis un poids suffisant pour passer l'hiver dans de bonnes conditions.

Le mâle peut se reproduire à partir de 2 ou 4 ans, tandis que la femelle en est capable dès 1 an. L'espèce a une longévité pouvant dépasser 10 ans et, aux limites des aires de répartition, où les effectifs sont faibles et les partenaires rares, elle peut s'hybrider occasionnellement avec le Tétras lyre et même le Faisan de Colchide.

- Histoire et effectifs
Le Grand Tétras a été retrouvé fossile dans l'Isère et la Drôme, où les datations les plus anciennes font état de sa présence depuis au moins 13.000 ans.

En 2008, le Grand Tétras était en régression générale en Europe, tant en aire occupée qu'en densité des peuplements. Il était présent en Scandinavie, en Ecosse, en Espagne, dans une grande partie de l'arc alpin, et dans les pays d'Europe centrale que sont la Pologne, la Slovaquie, la Slovénie, la Roumanie et l'ex-Yougoslavie. Toujours en 2008, les effectifs étaient régulièrement en régression en France, dans les massifs des Vosges, du Jura et des Alpes, alors que la population pyrénéenne semblait relativement stable.

La chasse du Grand Tétras a été interdite en 1967 dans la Haute Savoie, et en 1974 dans l'Ain et la Savoie. En 2008, les mâles de la sous-espèce Tetrao urogallus aquitanicus, présente seulement dans les Pyrénées, étaient classés gibiers dans 6 départements de ce massif montagneux.

En 2019, selon l'ONCFS, la population pyrénéenne est de 3.500 à 5.000 adultes, 300 dans le Jura, 200 dans les Vosges et 30 à 50 dans les Cévennes où il a été réintroduit. En France, l'espèce est classée en CMAP (espèces dont la Conservation Mérite une Attention Particulière) de catégorie 4 (catégorie regroupant les espèces "en danger" ou "vulnérables"), alors qu'en Europe, elle est définie comme "espèce non vulnérable". Il n'y aurait donc pas de danger immédiat au niveau mondial ou européen mais la situation en France est plus critique.

L'évolution négative du milieu de vie des Grands Tétras avec la régression de son habitat potentiel, et le dérangement dans ses zones de vie, particulièrement en hiver mais aussi en toutes saisons, sont les principales causes de disparition de l'espèce, alors que la prédation et les aléas climatiques ne sont que des facteurs aggravants pour une population en constante diminution.


STATUTS D'ÉVALUATION, DE PROTECTION ET DE MENACE

Tetrao urogallus, Statuts (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Tetrao urogallus (IUCN Red List)
La liste rouge mondiale... (IUCN Comité Français)


SOURCES

Guide de la faune et de la flore (Wilhelm Eisenreich, Alfred Handel, Ute E. Zimmer / Flammarion)
Grand tétras (site du Parc National des Pyrénées)
Le grand tétras (site de la LPO)
Le grand tétras (site ONCFS)
Le grand tétras (site oiseaux.net)



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