Isard

Isard

Rupicapra pyrenaica

Photo Frédéric Revel © - Blog Frédéric Revel


Mise à jour de l'article le 27 août 2023.

LES INFOS PAS TRÈS VRAIES (MAIS PAS TROP FAUSSES)

Il y a bien longtemps, lors d'un habituel repas de famille d'après messe, qui a été, comme toujours, mal officié par la Primevère, mais on s'égare, le Chamois lança à son cousin l'Isard, alors qu'on tentait d'ouvrir la porte : "Hé ! Passe-Partout ! Où t'as mis les clés !". Vexé, l'Isard quitta la fête et, depuis, les deux cousins se font la gueule. L'Isard est susceptible.

Quand vient l'hiver, l'Isard se les gèle. Il troque son t-shirt orange contre un joli pull noir et blanc du plus bel effet, et il n'oublie jamais de mettre son écharpe noire que sa maman lui a gentiment tricoté tout l'automne. Fier comme pas deux, encore moins trois, de toutes façons, il ne sait pas compter, il se balade alors la tête haute, arborant ses petits cornes crochues. Les Bouquetins et les Mouflons sont morts de rire.

L'Isard est sportif. Toute l'année, seul dans son coin, le mâle se rend à la salle de muscu et part courir en montagne jusqu'à 2500m d'altitude afin d'être au top, mi-novembre, début décembre, pour impressionner la midinette. Ébahie par les muscles et les prouesses du bellâtre, celle-ci finit les quatre fers en l'air. 23 semaines plus tard, le bambin débarque tandis que le mâle s'est fait la malle. L'Isard n'a pas trop la fibre paternelle.

Il y a quelques années, l'Isard vit débarquer des hommes qui couraient dans la montagne. Comme ça, pour rien, sans raisons. Il n'en crut pas ses yeux. Et en attrapa de la conjonctivite. Ce qui est assez embêtant près des falaises. Depuis, l'Isard s'est rendu compte des prouesses des traileurs. L'Isard en est hilare.

Extrait du manuel du Bouquetin Bucolique


LES INFOS PAS FAUSSES (ET PLUTÔT VRAIES)

- Noms
Isard (français), Izard, Southern Chamois (anglais), Gemse (allemand), Sarrio (espagnol), Camoscio dei Pirenei (italien).

- Classification
Animalia/Animal (Règne), Chordata/Cordés (Embranchement), Mammalia/Mammifères (Classe), Cetartiodactyla (Ordre), Bovidae/Bovidés (Famille), Rupicapra (Genre), pyrenaica (Espèce).
Bonaparte, 1845 (Descripteur).

- Répartition
L'Isard est présent dans une aire restreinte. Il est endémique du sud-ouest de l'Europe où il existe en 3 sous-espèces. Il y a ainsi Rupicapra pyrenaica pyrenaica, l'Isard des Pyrénées, Rupicapra pyrenaica parva, l'Isard cantabrique, et Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apennins. L'Isard des Pyrénées se trouve en Andorre, en France et en Espagne, dans les montagnes pyrénéennes. L'Isard cantabrique est présent en Espagne, dans les montagnes cantabriques. L'Isard des Apennins ne survit plus que dans cinq petites à très petites populations en Italie, dans les Parcs Nationaux des Abruzzes, de la Majella, du Gran Sasso-Monti della Laga et des Monti Sibillini, ainsi que dans le Parc Régional Sirente-Velino. L'aire de répartition altitudinale de l'espèce est de 200 à 3000m, quelques populations d'Isard cantabrique vivant vers 200m d'altitude, alors que l'espèce vit généralement aux alentours de 1800m d'altitude lors des mois les plus chauds.

- Habitat
En été, l'Isard, excellent grimpeur et sauteur, vit au-dessus de la limite des arbres, dans les zones d'éboulis et de pelouses jusqu'à 2500m. En hiver, il descend en forêt sur les pentes où il y a moins de neige. A l'occasion, il peut vivre toute l'année dans les forêts. L'Isard vit en petites hardes dont la cellule sociale de base est formée de la mère et son cabri. Au contraire, les mâles adultes sont solitaires.

- Morphologie
L'Isard, plus petit que le Chamois, a une hauteur de 70 à 85cm pour un poids de 20 à 35kg. Ses cornes sont crochues au bout. En été, son pelage est roux, virant au noir et blanc avec un large collier noir, nommé écharpe, en hiver. Le mâle se reconnaît à des couleurs plus contrastée et à une apparence plus hirsute.

- Régime alimentaire
Herbivore, l'Isard mange des végétaux herbacés et de jeunes pousses. En hiver, il se nourrit des bourgeons, des aiguilles de conifères, des feuilles sèches et des lichens.

- Cycle de vie
La reproduction est possible à partir de l'âge de 3 ou 4 ans et les accouplements se font de mi-novembre à début décembre. Durant ce rut automnal, les mâles défendent leur territoire contre des rivaux voisins et tentent de maintenir chez eux les femelles en les rabattant. Pour intimider l'adversaire, les mâles adoptent des postures ritualisées qui peuvent dégénérer en poursuites folles. La gestation dure ensuite 23 semaines et 1 jeune, exceptionnellement 2, naît en avril ou mai,. Il est alors allaité pendant 6 mois. Avalanches, froid et absence de nourriture, sont des facteurs importants de mortalité chez les Isards. L'Aigle royal est également un prédateur et il s'attaque surtout aux jeunes qui sont plus vulnérables. Certaines années, tous les jeunes peuvent ainsi disparaître. Ces années noires sont compensées par les bons résultats des années peu enneigées.

L’espérance de vie des Isards est de 20 ans, et une longévité record de 24 ans a été observé sur un individu en liberté.

- Étymologie
Isard vient peut-être du basque izar qui signifie étoile. Ceci pourrait venir de la tache blanche que les jeunes isards ont sur le front. 

Rupicapra est le nom latin de l'animal. Il vient du latin capra qui signifie chèvre et du latin rupes qui signifie rocher. la rupicapra est ainsi la chèvre des rochers.

- Où voir l'Isard ?
Facile à observer dans les Pyrénées, l'Isard reste un animal sauvage. Une observation à distance est possible au moment du rut quand les mâles se coursent afin d'établir la hiérarchie sociale. En hiver, il est nécessaire d'éviter de le déranger car l'animal vit sur ses réserves. Enfin, l'été, les femelles et leurs jeunes partent dès les premières chaleurs afin de se mettre à l'ombre vers les hauteurs. Il faut donc partir tôt pour les observer.

- Histoire
Entre -20.000 et -10.000, l'Isard et le Chamois, qui sont des espèces cousines, se sont séparés lors du dernier réchauffement climatique, en suivant la limite des glaciers. Définitivement isolés, les groupes ont évolué parallèlement, sans croisement possible.

Au début de l'Holocène, qui débute vers -11400 ans, la sous-espèce Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apennins, s'étend des monts Sibillini, dans la région des Marches en Italie, jusqu'au massif du Pollino, dans la région de Calabre, également en Italie.

Dans les années 1920, en raison d'une protection accrue, le nombre d'individus de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apenins, commence à augmenter. Elle était faible au cours des derniers siècles.

Entre 1939 et 1945, au cours de la Seconde Guerre Mondiale, la population de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apenins, chute à quelques dizaines d'individus, répartis dans une seule population dans le Parc national des Abruzzes.

A la fin des années 1940, les hardes d'Isards étaient décimées par les chasseurs et furent menacées d'extinction dans les années 1950. La protection de l'Isard fut l'un des objectifs de la création du Parc national des Pyrénées. Afin d'éviter son extinction définitive par les prédateurs naturels, et en particulier l'Aigle royal, la réintroduction de la Marmotte fut décidée. Ce fut un succès et les Isards ont été sauvés.

A la fin des années 1980, la population de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apenins, est estimée à environ 400 individus.

Depuis les années 1990, la situation de l'espèce s'améliore grandement. En effet, la population et l'aire de répartition de l'Isard ont augmenté de façon marquée de 1989 à 2003.

En 1996, la population de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apenins, est classée En danger par l'IUCN Red List.

En 2002, la population d'Isards est estimé à 53.000 individus.

Entre 2002 et 2005, une réintroduction de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica parva, l'Isard cantabrique, est effectuée dans l'est du massif cantabrique.

En 2006, suite à des mesures de conservation et de réintroduction, la population de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apennins, est estimée à 2500 individus répartis en 5 populations disctinctes.

En 2009, dans les Pyrénées, une épidémie de kératoconjonctivite et, en 21013, une épidémie de pestivirose ont tué 20 à 30% des individus dans certaines populations, et même jusqu'à 50% dans certaines vallées des Hautes Pyrénées. Au cours de la même année, le nombre d'Isards de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica parva, l'Isard cantabrique, est évalué à 16.000 individus dans l'ouest et le centre du massif cantabrique.

En 2017, la population de Rupicapra pyrenaica parva, l'Isard cantabrique, dans l'est du massif cantabrique est comptée à 131 individus.

En 2020, le nombre d'Isards, avec les différentes sous-espèces, est évalué à 50.000 individus matures et la population est estimée en croissance. Elle est classée en Préoccupation mineure par l'IUCN Red List. Les densités de population ont tendance à être plus faibles en dehors des zones non chassables tels les Parcs nationaux et les Réserves naturelles, et en dehors des réserves de chasse. La population de la sous-espèce Rupicapra pyrenaica ornata, l'Isard des Apenins, est estimée à 1500 individus matures. Cette sous-espèce est classée Vulnérable par l'IUCN Red List.

L'Isard est actuellement redevenu une espèce chassable en France.


STATUTS D'ÉVALUATION, DE PROTECTION ET DE MENACE

Huppe fasciée, Statuts (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
Rupicapra pyrenaica (IUCN Red List)
La liste rouge mondiale... (IUCN Comité Français)


SOURCES

Pyrénées-Atlantiques. Yves Herouët, Dominique Decobecq. BRGM éditions)
Guide de la faune et de la flore. Wilhelm Eisenreich, Alfred Handel, Ute E. Zimmer. Flammarion.
Isard. Parc National des Pyrénées. Site internet.
L'étonnante histoire des noms des mammifères. Henriette Walter, Pierre Avenas. Robert Laffont.
Rupicapra pyrenaica. IUCN Red List. Site internet.


PHOTOS

Photo J. Démoulin © - Parc National des Pyrénées

Photo Oscar Valencoso © - iNaturalist

Photo Victor Gonzalez Garcia © - iNaturalist



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